«Vous savez ce que l'IBF est en train de dire aux boxeurs: Fuck you! On n'a aucun respect pour vous!»

Howard Grant était dans une colère noire vendredi midi. La pesée officielle de Librado Andrade et Vitali Tsypko, prévue pour 11h, a été repoussée à 18 h. Raison invoquée: selon l'International boxing federation, qui sanctionne le combat, la pesée doit se faire 24 heures avant le début gala. Pas avant. Les deux boxeurs, déjà affaiblis par le jeûne, ont donc dû rebrousser chemin pendant que les autres boxeurs, du giron WBC et WBO, montaient sur la balance. Pire, ils doivent patienter sept longues heures supplémentaires avant de pouvoir manger leur premier repas de la journée.

«Ça n'a aucun sens, c'est ridicule, fulmine l'entraîneur d'Andrade. Les boxeurs paient des droits à l'IBF pour se faire traiter comme ça? Je n'ai jamais vu ça. Lucian, Librado, Ngoudjo: tout le monde s'est toujours fait peser en après-midi. Pourquoi changer ça aujourd'hui?»

Un des hommes de coin de Vitali Tsypko, Tony Riviera, était tout aussi abasourdi: «Les gens qui prennent ces décisions ne se sont jamais entraînés, n'ont jamais été affamé, n'ont jamais fait des mois de sacrifices, loin de leur famille. Ils ne savent pas ce que c'est de faire le poids. Ils n'ont jamais mis des gants de leur vie.»

Éric Lucas, lui, est passé par là plusieurs fois, et il ne s'explique pas qu'on fasse poireauter ainsi les boxeurs. «Ça doit vraiment être dur mentalement. Le jour de la pesée, tout est planifié et c'est rare que tu puisses déjeuner. Si c'était moi, je ne serais pas heureux. J'essaierais d'aller dormir pour que ça passe plus vite.»

La responsable de l'IBF présente à Montréal, Mahasin Scott, a décidé d'appliquer le règlement avec, disons, beaucoup de zèle. «C'est ma décision. C'est le règlement», explique-t-elle. N'est-ce pas un brin dangereux de laisser des athlètes se déshydrater ainsi la veille d'un combat? «Nous avons une équipe de médecins qui nous ont donné un séminaire sur les fluides. Et il y a une raison pourquoi nous appliquons cette règle.»

La décision semble d'autant plus incompréhensible que l'IBF est la seule organisation à exiger une seconde pesée, le matin même du combat, pour s'assurer que les boxeurs ne reprennent pas plus de dix livres après la pesée...

Après tous les déboires des organisateurs (et les controverses des derniers galas présentés à Montréal), la boxe québécoise avait-elle besoin de pareille histoire?

Par ailleurs, les deux vedettes du combat principal, Kendall Holt et Timothy Bradley, ont fait grimper l'aiguille à 139,9 et 138,6 livres, respectivement.

Ne reste plus maintenant que les combats. Enfin, diront certains.