La réputation de la boxe québécoise a souffert des dernières controverses entourant les derniers galas montréalais. À preuve : le clan de Fulgencio Zuniga a exigé - et obtenu - que l'arbitre du combat de vendredi soir contre Lucian Bute provienne de l'extérieur du Québec.

«Nous voulons un combat juste et équitable», a lancé le gérant de Zuniga, Alfredo Marchio, en conférence de presse mardi après-midi. «Nous voulons un arbitre neutre et des juges qui proviennent de l'extérieur du Québec. Nous ne croyons pas que la décision survenue lors du combat entre Librado Andrade et Lucian Bute était juste. C'est Andrade qui a remporté ce combat.»

Marchio a même menacé de retirer son boxeur du gala et de retourner ipso facto en Colombie si la Régie des alcools, des courses et des jeux du Québec choisissait le Montréalais Marlon B. Wright, celui-là même qui portait le chandail à rayures lors du controversé combat d'octobre. «Wright a arbitré les cinq derniers combats de Bute. C'est ridicule.»

Le clan Zuniga a finalement obtenu gain de cause. En fin d'après-midi, La Presse a appris que l'arbitre du combat sera l'Américain originaire du New Jersey, Lindsey Page Jr. Il a notamment officié à Atlantic City, lors de la victoire d'Arturo Gatti contre Thomas Damgaard pour le titre vacant IBA des mi-moyens, début janvier 2006.

Cette décision satisfera les gens d'Interbox, qui souhaitait aussi un arbitre qui ne soit pas du Québec, «pour la crédibilité de Lucian Bute et de la boxe québécoise aux États-Unis», dit Stéphan Larouche.

Selon l'entraîneur de Bute, la situation exceptionnelle survenue lors du dernier combat justifie des mesures exceptionnelles. «Les craintes du clan Fulgencio sont légitimes; dans leur situation, je ferais la même chose. Si un arbitre américain avait pris cette décision, on en parlerait moins. Mais ce qui s'est passé a semé le doute auprès des télédiffuseurs américains. Il y a un feu à éteindre, il faut enlever ce doute de la réputation de Lucian.»Bute, lui, se fiche de la nationalité de celui qui arbitrera le combat championnat du monde des super moyens de l'IBF, vendredi. «Ça peut être un arbitre colombien, je n'ai aucun problème avec ça. Je veux montrer à tout le monde que je suis le champion et que je mérite de le rester.»

«On n'a pas besoin de nos arbitres pour gagner», ajoute Larouche.

Une indigestion de cuir

Le dossier de l'arbitrage étant réglé à la satisfaction de tout le monde, les boxeurs peuvent maintenant se concentrer sur l'essentiel : les 12 rounds de boxe qui les attendent. À condition que les boxeurs tiennent debout 12 rounds, ce qui est loin d'être certain.

«Je ne serais pas surpris que le combat se termine par knock-out, d'un côté ou de l'autre, estime Stéphan Larouche. Zuniga est un boxeur dangereux, qui peut éteindre les lumières avec chacun de ses deux poings. Et Lucian excelle quand il laisse sortir ses mains; il peut faire mal en accumulant les coups. Plus il touche, plus il devient efficace.»

Les deux pugilistes se connaissent bien, puisque Zuniga a été partenaire d'entraînement de Bute l'an dernier, lors de sa préparation pour le combat contre Andrade. Une heureuse coïncidence pour les deux hommes.

«Zuniga frappe bien, mais sa défensive n'est pas très bonne, dit Larouche. Il est facile à atteindre. Sauf qu'il a un bon menton... Lucian devra être très alerte. Zuniga va essayer de lui arracher la tête, de le découper en morceaux. On s'y attend, on s'est préparé en conséquence. Et je prédis que Zuniga va faire une indigestion de cuir au septième ou huitième round.»