Dur lendemain de combat pour Hermann Ngoudjo.

Vaincu vendredi soir par le Colombien Juan Urango, le Québécois a été opéré hier matin pour une triple fracture au maxillaire inférieur. L'intervention chirurgicale, qui a nécessité une anesthésie générale, a débuté à 10h à l'Hopital Juif de Montréal et s'est prolongé pendant près de deux heures.

Une plaque d'acier a notamment été installée sur sa mâchoire.

Yvon Michel, président du Groupe GYM, a parlé à Ngoudjo avant son entrée en salle opératoire. «Il était un peu déprimé. Il disait: "J'ai tellement, tellement travaillé fort". La chute est dure, car il y a vraiment cru. Il se voyait retourner au Cameroun pour la première fois depuis qu'il vit au Québec; il pensait à la fête nationale que ce serait là-bas. Il rêvait de combats millionnaires contre des gars comme Ricky Hatton ou Manny Pacquiao.

Il a été blessé au troisième round, mais il s'est battu jusqu'au bout, sans se plaindre. Ce qu'il a accompli est inimaginable. Mais il doit digérer la défaite.» Le corps du Québécois portera longtemps les marques de ce terrible affrontement contre le Colombien. «Pendant cinq semaines, sa mâchoire inférieure va être attachée à la supérieure», dit Yvon Michel. En boxe, les côtes fêlées ou les mains fracturées sont légion. Mais les mâchoires cassées en morceaux? «On ne voit pas ça souvent, mais ça arrive. Je pense entre autre à Arthur Abraham, qui s'était fait fracturer la mâchoire par Edison Miranda, il y a quelques années. Il a mis sept mois avant de remonter sur un ring.» Selon Michel, il faudra attendre entre six mois et un an pour revoir Ngoudjo remettre les gants. À condition que ce dernier décide de continuer à boxer.

«La blessure en tant que tel ne peut pas compromettre la carrière d'Hermann, dit Michel. Il faudra par contre attendre de voir ce qu'il va décider. Sa défaite représente un recul important pour lui. Mais il a 29 ans, il est jeune, il est bon. Il a encore de belles années devant lui. Je serais très surpris de le voir remettre sa carrière en question.» Vendredi soir, Ngoudjo n'a d'ailleurs posé qu'une seule question à son promoteur: comment faire pour revenir au sommet et décrocher un troisième combat de championnat? La réponse de Michel: «Aller chercher beaucoup de victoires, se reconstruire une confiance, un moral. La défaite peut sembler dramatique, mais il ne faut pas oublier qu'il était classé numéro 1 au monde et qu'il a perdu devant Urango, un gars qui est exceptionnel.» Pour le Groupe GYM, la défaite de Ngoudjo vient s'ajouter aux revers de Joachim Alcine et de Jean Pascal, en 2008. «La compagnie ne va pas faire faillite parce qu'on a amené trois gars en combat de championnat du monde et qu'ils ont perdu. C'est un exploit de se rendre jusque-là. Peut-être qu'on l'oublie au Québec, parce qu'on a eu tellement de champions du monde depuis quelques années Notre équipe est jeune; il y a des boxeurs prometteurs qui nous approchent. Ce n'est que partie remise.»