Howard Grant pourrait être persona non grata dans le coin du ring jusqu'au 31 mars. C'est à tout le moins ce qu'a demandé aujourd'hui l'avocate de la Régie des alcools des courses et des jeux.

Me Isabelle Poitras estime que le 24 octobre, lorsque l'entraîneur montréalais a poussé un arbitre à la fin du duel Bute-Andrade au Centre Bell, il a «commis une faute inacceptable» qui doit être punie de manière exemplaire.

«Tout le monde de la boxe regarde le Québec pour voir si ce geste sera puni», a-t-elle affirmé lors de l'audience tenue en matinée au Palais de justice de Montréal.

Invité à témoigner, un représentant de la Régie qui était aux abords du ring le soir de l'incident a indiqué que «tous les officiels étaient furieux» du geste de l'entraîneur. «La représentante de l'IBF (organisme qui sanctionnait le combat de championnat) sur les lieux était aussi en colère», a dit Jean Douville.

Le témoin de la poursuite a mentionné l'absence de précédents pour de tels incidents. «En 28 ans dans la boxe au Québec, c'est la première fois que je vois un entraîneur s'en prendre à un arbitre», a indiqué M. Douville.

La poursuite a donc tenté d'établir un rapprochement avec une bagarre survenue en avril 2006 au Nevada. L'entraîneur Roger Mayweather était alors monté sur le ring en plein combat pour s'en prendre au boxeur adverse. Son permis d'entraîneur avait été suspendu pour un an et il avait dû payer une amende de 200 000 $.

«Ce sont deux situations complètement différentes, a répondu l'avocat d'Howard Grant. D'abord parce que les faits reprochés sont différents. Howard n'a pas frappé, il a poussé. Et il n'est pas monté sur le ring en plein milieu du combat. En plus, il s'est excusé publiquement.»

Tout en reconnaissant la faute de son client, l'avocat de M. Grant a rappelé son passé sans tache, sa bonne réputation et son repentir évident pour demander une sanction plus clémente: deux ou trois semaines de suspension et peut-être une amende.

La défense veut à tout prix s'assurer qu'il pourra officier dans le coin du boxeur Herman Ngoudjo, le 30 janvier, puis dans d'autres combats cet hiver. Si son permis était révoqué, les revenus d'Howard Grant en souffriraient. Il reçoit 10% de la bourse d'un boxeur lorsqu'il est homme de coin, et Ngoudjo devrait recevoir entre 75 000 et 100 000 dollars pour ce combat.

«Je sais que ce que j'ai fait est grave et je dois être puni, a dit Grant. Mais nous, en boxe, on n'est pas comme dans la NBA ou la LNH. On ne fait pas de gros salaires. Des fois je suis dans le coin d'un boxeur qui fait 500 $. Il ne m'en revient pas beaucoup...»

«En plus je dois être avec mon boxeur, c'est un combat de championnat, une soirée importante pour lui», a-t-il indiqué.

Plutôt qu'une suspension, Howard Grant a mentionné qu'il serait prêt à donner la bourse qu'il a touché le 24 octobre dans le coin de Librado Andrade (17 500 $) à un organisme de bienfaisance.

Les régisseurs ont 90 jours pour rendre leur verdict, mais devraient vraisemblablement le faire avant Noël.