Angelo Dundee a mené 15 boxeurs à des titres de champion du monde. Ces jours-ci, il conseille Oscar De La Hoya en vue de son combat de ce soir face à Manny Pacquiao. Sympathique comme toujours, M. Dundee a pris quelques minutes de son temps pour jaser avec La Presse, de son domicile en Floride.

Il y a des personnages légendaires, et puis il y a Angelo Dundee. À 87 ans bien sonnés, le célébrissime entraîneur de boxe a une feuille de route assez impressionnante, merci: entraîneur de l'immense Muhammad Ali, entraîneur du presque aussi immense Sugar Ray Leonard («un Ali en plus petit», disait-il à l'époque), et parfois conseiller au cinéma, aux côtés de Will Smith pour Ali, aux côtés de Russell Crowe pour son rôle dans Cinderella Man. On peut aussi voir l'entraîneur dans La boxe, tout un combat! , un coffret DVD qui vient tout juste d'arriver sur les tablettes.

 

Q C'est une surprise de vous voir dans La boxe, tout un combat! Pourquoi avoir accepté?

R J'ai toujours aimé venir au Canada. J'étais dans votre coin de pays, on m'a parlé du projet, et j'ai dit oui. C'est un beau projet, vous savez; il y a vraiment des gens intéressants là-dedans. Russ Anber sait de quoi il parle, et j'aime bien Yvon Michel aussi. En plus, mon bon ami George Chuvalo, de Toronto, est là lui aussi, alors je devais accepter!

Q Chuvalo s'est battu contre Ali à deux reprises, en 1966 à Toronto, et en 1972 à Vancouver. Ali n'avait pu l'envoyer au plancher, gagnant par décision les deux fois. Chuvalo vous avait impressionné?

R Oh oui! Je l'ai déjà dit à George; tout ce qu'il avait à faire contre Ali à Toronto, c'était de continuer à lancer son jab. S'il avait continué à faire ça, ç'aurait pu être une autre histoire. Mais heureusement pour nous, à un moment donné, George a décidé d'abandonner son jab. Il était un très bon boxeur.

Q Vous avez pris Ali (alors Cassius Clay) sous votre aile en 1960... Quand avez-vous réalisé qu'il allait être un grand champion?

R Quand il a battu Henry Cooper en Angleterre en 1963. Cooper lui avait fait mal, il l'avait envoyé au tapis, mais Ali s'était ressaisi, et il avait gagné le combat. Après cette victoire-là, c'était clair pour moi. Je savais qu'il allait être un grand champion. Je continue à croire qu'il a été le meilleur de tous les temps. Il a complètement changé le monde de la boxe. Avant lui, les vedettes ne parlaient pas aux médias, personne ne faisait de grandes déclarations. C'est Ali qui a changé tout ça. Il a vendu la boxe, il a contribué à sa grande popularité. C'est bien, parce qu'à son deuxième combat, à Miami en 1960, il n'avait touché que 300 $!

Q Ali a perdu trois années de sa vie de boxeur pour son refus d'aller à la guerre du Vietnam. Ça lui a nui?

R Ça ne l'a pas aidé, ça, c'est certain. Ali n'était pas un athlète complet, dans le sens où il ne pratiquait aucun autre sport que la boxe. Mais je me souviens qu'il s'entraînait quand même lors de cette période.

Q Vous ne serez pas dans le coin de De La Hoya (ce soir) à Las Vegas, mais vous allez être tout près, au bord du ring. Quel est votre rôle avec lui?

R Je suis un conseiller. Il ne peut y avoir qu'un seul entraîneur dans un coin, qu'un seul gars qui parle au boxeur, et l'entraîneur d'Oscar (Nacho Beristain) va être dans le coin. Je suis allé voir Oscar à son camp d'entraînement, il est en pleine forme. Je ne crois pas que ce combat sera son dernier... On a regardé les vidéos de Pacquiao ensemble. Et vous savez quoi? Oscar a passé sa vie à se battre contre des durs, et Pacquiao est un dur, justement. Oscar est parfaitement capable de tenir tête à un gars comme ça.

Q Votre prédiction?

R De La Hoya par décision!