Pas de surprise à la pesée officielle en vue du championnat du monde des super-moyens du WBC : le Montréalais Jean Pascal (167,7 livres) et son rival, l'Anglais Carl Froch (166,6 livres), ont fait le poids.

«Je devrais peser entre 180 et 184 livres lors du combat», a dit Pascal. Son adversaire, un super-moyen naturel qui respectait presque la limite de 168 livres un mois avant le combat, devrait être beaucoup plus léger quand il montera dans le ring, samedi soir, au Trent FM Arena de Nottingham.

La pesée avait lieu dans le mail d'un centre commercial du centre-ville, sous le regard intéressé de quelques centaines de badauds, parmi lesquels une poignée de partisans de Jean Pascal.

Posant face à face, les deux boxeurs se sont un peu bousculés devant les caméras. L'air agressif, Froch a répété plusieurs fois à Pascal qu'il allait lui infliger un knock-out; le boxeur québécois, sourire narquois aux lèvres, s'est contenté d'inviter son rival à soutenir son regard.

«Je croyais avoir vu la peur dans les yeux de Carl Froch plus tôt cette semaine, mais là, j'en ai la certitude. Il avait de la misère à me regarder droit dans les yeux. Il parlait beaucoup et quand on parle beaucoup, c'est qu'on est nerveux», a dit Pascal après coup.

Négligé aux yeux des preneurs aux livres face à un adversaire qui se bat dans sa propre ville, Pascal (21-0-0 et 14 K.-O.) s'est néanmoins dit plus confiant qu'il ne l'a jamais été dans ses combats précédents. «Je ne peux pas être plus prêt que ça. Froch aime jouer la carte de l'intimidation. Mais j'ai fait le travail physique et psychologique qui s'imposait. Rien ne va m'affecter, ni la foule, ni rien d'autre.»

Pascal se dit tellement en forme qu'il serait capable de livrer 15 rondes de boxe, comme dans le bon vieux temps. Mais son entraîneur, Marc Ramsay, n'exclut pas que ça se termine avant la limite. «Jean est prêt comme jamais pour faire 12 rounds intenses. Mais si Froch montre la moindre fêlure avant la fin, il est out, direct dans les douches!»

Froch, alias le Cobra

Invaincu chez les professionnels, Froch est un drôle de personnage. Surnommé le Cobra, Il a grandi dans un quartier difficile de Nottingham, où sa mère exploitait un pub. Il a commencé à boxer dès l'âge de sept ou huit ans. Son père, qui s'était initié au noble art lors d'un séjour en prison, avait un sac d'entraînement dans son garage. «J'étais fâché, parce que les règles ne me permettaient pas de livrer des combats avant l'âge de 10 ans», a raconté Froch plus tôt cette semaine.

Deux fois champion amateur de Grande-Bretagne, il a remporté le bronze chez les poids moyens aux championnats du monde de 2001, en Irlande du Nord. Passé chez professionnels l'année suivante, ce diplômé universitaire en éducation physique s'est rapidement bâti un palmarès enviable. Pas moins de 19 de ses 23 victoires ont été obtenues par K.-O.

«Froch a un style très particulier et c'est facile de cerner ses forces et ses faiblesses. Ses deux forces sont son direct et son uppercut de la droite, dit Marc Ramsay, qui dit ne pas être craindre l'uppercut dévastateur du boxeur de 6 pieds 1. «Ça dépend comment tu contrôles la distance. Son uppercut ne m'inquiète pas. Ça fait deux mois qu'on se prépare pour ça.»

Aspirant numéro un à la ceinture désertée par le Gallois Joe Calzaghe (Pascal est numéro trois), Froch est entraîné par son compatriote Robert McCracken, défait par l'Américain Keith Holmes en combat de championnat des poids moyens du WBC, en 2000. «Jean Pascal et Carl sont deux bons cogneurs, deux gars habiles et ça devrait être un très bon combat. Mais il n'y a pas grand-monde qui frappe plus fort que Carl», dit McCracken.

Froch s'est moqué de l'admiration que voue Jean Pascal à Roy Jones Jr. Ancien champion du monde dans quatre divisions de poids différentes, Jones a récemment perdu contre Calzaghe, dans un combat chez les mi-lourds. «Il n'y a qu'un seul Roy Jones - et il est fini!», a lancé le boxeur anglais.

Cela fait longtemps que Froch attend un combat de championnat du monde. Il a longtemps réclamé, en vain, un duel avec Joe Calzaghe, l'ancien champion incontesté des super-moyens, jamais battu en 46 combats. «Je pense qu'il a peur, dit Froch. Il prend les combats faciles et l'argent.»

Froch s'est battu seulement une fois au cours de la dernière année, une victoire par K.-O. aux dépens du Polonais Albert Rybacki, en mai. Rybacki avait remplacé à la dernière minute le Russe Denis Inkin (champion WBO), qui s'est désisté deux fois. Alejandro Berrio et Rubin Williams se sont aussi retirés, tandis que l'aspirant numéro deux du WBC, l'Américain Jermain Taylor, a préféré affronter Jeff Lacy lors d'un combat éliminatoire dont il est sorti vainqueur, le 15 novembre.

Le vainqueur du combat Froch-Pascal devra maintenant obligatoirement se battre contre Taylor, à moins que celui-ci n'opte pour un combat plus lucratif, contre... Joe Calzaghe, par exemple.