C'est la saison du «March Madness» et le Montréalais Kris Joseph, des Orangemen de Syracuse, occupe l'avant-scène de cette grande fête du basketball.

Joseph, un senior de 6'7, est l'un des finalistes pour le titre de joueur de l'année dans la NCAA et son équipe, première favorite dans la région Est, et vise rien de moins que le titre national. Kris a passé son enfance à Montréal, évoluant d'abord dans l'ombre d'un frère aîné, Maurice, qui a lui aussi connu une belle carrière universitaire. À 14 ans, il ne mesurait encore que 5'8 et cachait mal son embonpoint.

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«Je me suis mis à grandir, s'est-il rappelé, dimanche, en entrevue téléphonique. Au début, je ne m'en suis pas aperçu, mais les gens me disaient: «Hey, tu grandis! «» Neuf pouces et quelques années plus tard, l'athlète commençait à attirer l'attention des dépisteurs locaux.

«On me conseillait d'aller jouer aux États-Unis pour me faire remarquer, mais ma mère s'y opposait. Elle a toutefois fini par céder et j'ai fréquenté le Archbishop Carroll HS de Washington pendant deux ans.»

Joseph s'est vite bâti une réputation flatteuse et les représentants des meilleures formations universitaires l'ont tous vu jouer lors de sa dernière année de secondaire. Mais il avait déjà une bonne idée de l'équipe pour laquelle il souhaitait jouer. «J'étais un fan de Carmelo Anthony et des Orangemen de Syracuse, admet-il. En plus, l'université n'est pas très loin de Montréal, ce qui plaisait à ma mère...»

La transition a été difficile, Joseph ne jouant pas beaucoup lors de sa première année. À la fin de la saison, le réputé entraîneur-chef Jim Boeheim l'a mis au défi: «Perds au moins 20 livres et mets toi en forme si tu veux jouer régulièrement!»

«Tu ne peux pas ne pas écouter un coach comme Jim Boeheim, a rappelé Joseph. Je me suis mis au travail et les résultats ont suivi...» Au fil des années, Kris est devenu le meneur de son équipe, obtenant cette saison, sa dernière à Syracuse, une place dans la première équipe d'étoiles de la conférence Big East. Avec une fiche de 31-2, les Orangemen ont retrouvé le sommet et tenteront à compter de demain d'enlever un second titre national après celui de 2003.

Joseph a été honoré avec les autres seniors de l'équipe lors du dernier match régulier des Orangemen et reconnaît avoir beaucoup appris de ses quatre années à Syracuse. «Je me suis beaucoup amélioré sur le court, mais les progrès les plus importants, c'est en tant qu'individu que je les ai réalisés. Cette année, j'ai pu m'impliquer davantage auprès des jeunes de l'équipe de façon à les aider, eux aussi, à devenir de meilleures personnes.»

Les experts prévoient que Joseph sera sélectionné en première ronde lors du prochain repêchage de la NBA. «Ça m'arrivait d'y rêver un peu pendant la saison, mais là, je préfère ne pas y penser, a-t-il expliqué dimanche. Nous avons tous un objectif précis: gagner le championnat, et c'est tout ce qui retiendra mon attention au cours des prochaines semaines.

«Ce serait la meilleure façon pour moi de remercier Syracuse. Nous avons l'avantage d'évoluer dans l'Est, près de chez nous, et nos supporteurs seront assurément très nombreux dans les gradins.

«Quand ce sera terminé, je penserai à la NBA... et je reviendrai à Montréal pour voir ma famille et mes amis.»

Kris Joseph n'est qu'un des cinq Québécois qui prennent part au March Madness cette année. Il pourrait d'ailleurs affronter Laurent Rivard, un garde du Crimson de Harvard, en troisième ronde.