Chez les Vlasic, il n'était pas question d'écouter la télé à l'heure du souper. On mangeait en famille. La règle ne connaissait qu'une seule exception: lors des Jeux olympiques.

Tous les deux ans, la mère du jeune Marc-Édouard installait la télévision dans la cuisine de leur maison de Montréal. Les images transportaient la famille à Nagano, à Sydney, à Salt Lake City...

«Être ici à Sotchi, c'est l'un des plus grands honneurs de ma carrière», lance Marc-Édouard Vlasic.

Le défenseur des Sharks de San Jose a accepté l'invitation d'Équipe Canada sans trop savoir à quoi s'attendre. Il se retrouve maintenant parmi les six défenseurs partants de la formation, a joué lors de tous les matchs depuis le début du tournoi et a gagné l'entière confiance de Mike Babcock. Contrairement à un certain P.K. Subban...

«Vlasic est meilleur que ce que tout le monde pense. C'est un très, très bon joueur, a lancé hier l'entraîneur d'Équipe Canada. Si Drew Doughty peut faire ce qu'il veut, c'est que Vlasic est toujours bien positionné. Il joue avec robustesse, il est intelligent, il patine et je peux lui faire confiance.»

Au départ, sa place parmi les trois premières paires de défenseurs ne semblait pas assurée. Il est clair aujourd'hui qu'à moins d'une contre-performance importante, Vlasic va jouer tous les matchs du tournoi.

«Entendre ces commentaires venant de Mike Babcock, c'est spécial. De savoir qu'il a évalué mon jeu et qu'il trouve que je fais bien ça, ce n'est pas rien, dit le défenseur. Venant d'un coach qui a tout gagné, c'est quelque chose.»

Dans l'ombre de l'Ouest

Vlasic a une maison à Québec, d'où est originaire sa femme. Il passe ses étés dans la Belle Province. Encore aujourd'hui et malgré son succès, le joueur est rarement reconnu dans la rue au Québec. Comment explique-t-il le relatif anonymat dont il jouit chez lui?

«Peut-être parce que je joue dans l'Ouest. Nos matchs commencent à 22h30. Les gens n'entendent pas beaucoup parler des Sharks», répond celui que ses proches décrivent comme modeste et terre-à-terre.

«Marc-Édouard est parti tout de suite à San Jose. Je pense que beaucoup de monde au Québec n'a pas réalisé à quel point ce gars-là est monté vite dans la Ligue nationale, estime quant à lui Patrice Bergeron, des Bruins de Boston. Il fait son petit bonhomme de chemin sans faire trop de vagues. Il fait très bien son travail. Je suis vraiment content pour lui.

«Je m'entraîne avec lui l'été et je me rends compte à quel point c'est un bon joueur, poursuit Bergeron. C'est une chose de jouer contre lui, mais c'en est une autre de jouer avec lui. C'est là que je me suis rendu compte du joueur qu'il était.»

Vlasic, 26 ans, veut continuer son tournoi olympique comme il l'a entamé. Si tout se passe bien, il lui reste trois matchs à disputer avant de décrocher l'or olympique. Ça, c'est le rêve. La route, elle, est encore longue.

«Les trois paires de défenseurs sont restées les mêmes durant les trois parties. Mais il s'agit d'avoir un mauvais match pour que tout change: il y a deux autres défenseurs capables de prendre ma place. Je ne prends rien à la légère.»