Roberto Luongo est-il sincère lorsqu'il répète, comme il l'a fait hier à Sotchi, qu'il n'est pas insulté une miette de devoir se battre avec Carey Price pour le titre de premier gardien d'Équipe Canada? Dit-il la vérité lorsqu'il assure qu'il n'est pas froissé de devoir encore faire ses preuves, quatre ans après avoir mené un superbe tournoi olympique couronné par une médaille d'or?

Impossible de le savoir. Mais lorsqu'on lui pose la question, Luongo jure qu'il comprend pourquoi il n'est pas considéré d'office comme le premier gardien. Qu'il comprend pourquoi il devra commencer le tournoi sur le banc, aujourd'hui.

«Nous sommes tous ici pour Équipe Canada. Ce n'est pas l'histoire d'un seul joueur. Ce n'est pas à propos de Roberto Luongo ou de Carey Price ou de Mike Smith. C'est à propos d'Équipe Canada, a dit Luongo hier, après l'entraînement. Peu importe le rôle qu'on a, on doit l'accepter.»

Mike Babcock a annoncé hier que Price et Luongo allaient se partager les premiers matchs du tournoi. Le gardien du Canadien affrontera les Norvégiens aujourd'hui, alors que celui des Canucks se mesurera aux Autrichiens, demain.

Babcock n'a pas voulu s'étendre sur son choix. Ce qui est néanmoins clair, c'est que le poste de premier gardien n'a pas été attribué. Que le meilleur gagne, en d'autres mots.

À Vancouver, l'approche avait été différente. Martin Brodeur était clairement le favori. Mais après deux mauvais matchs d'affilée, Brodeur a été remplacé par Luongo. Le deuxième gardien a aidé son équipe à remporter les cinq matchs suivants, jusqu'à la médaille d'or.

À Vancouver, l'approche avait été différente. Martin Brodeur était clairement le favori. Mais après deux mauvais matchs d'affilée, Brodeur a été remplacé par Luongo. Le deuxième gardien a aidé son équipe à remporter les cinq matchs suivants, jusqu'à la médaille d'or.

Luongo, 34 ans, a aussi participé aux Jeux de Turin. Sa fiche olympique s'établit à six victoires et une défaite, avec une moyenne de buts alloués de 1,76.

Avec son parcours à Vancouver et ses résultats aux Jeux, Luongo aurait pu s'attendre à être d'office désigné comme le premier gardien. Même Martin Brodeur a déclaré il y a quelques mois que ce serait le choix logique.

«Dans mon livre à moi, le poste de gardien numéro un appartient à Roberto Luongo. La job est à lui et il ne peut que la perdre, comme je l'ai fait en 2010, à Vancouver, a dit Brodeur récemment. Price doit être patient, et s'il a la chance de garder les buts à Sotchi, ce sera une très bonne expérience pour lui.»

Price n'aura pas eu à être patient, finalement. Hier matin, à Sotchi, l'entraîneur Mike Babcock lui a annoncé qu'il serait devant le filet pour le premier match. «Il m'a juste dit: «Tu vas jouer contre la Norvège», c'est tout», a raconté Carey Price hier.

«On savait, en acceptant de venir ici, que n'importe lequel des trois gardiens pourrait être partant. Je suis préparé mentalement à ça», a-t-il ajouté.

Roberto Luongo n'est donc pas l'héritier direct de Brodeur devant le filet canadien. Encore une fois, il devra se battre. «Avec l'expérience, on apprend à mieux dealer avec ces choses-là. Tout le monde aura un rôle dans l'équipe, dit-il. Si on n'accepte pas tous notre rôle, ça va être difficile de l'emporter.»

«Je dois être prêt lorsque mon tour de garder le filet viendra, a ajouté Luongo. On a vu aux derniers Jeux que les choses changeaient rapidement.»

Les Norvégiens réalistes

Petit train va loin. Mais le dicton a ses limites, si vous demandez l'avis du joueur du Lokomotiv Iaroslavl, Jonas Holos.

«Le Canada est une grande équipe. Nos chances seront minces. Le match plus important pour nous sera contre l'Autriche.»

La Norvège, que le Canada affronte aujourd'hui pour entamer son tournoi olympique, n'est pas une puissance du hockey. À Vancouver, les Jeux de son équipe se sont résumés à quatre matchs et autant de défaites.

La formation ne compte qu'un seul joueur qui évolue en LNH - Mats Zuccarello, des Rangers de New York - et deux en KHL.

«On sait que le Canada a des supervedettes, note l'entraîneur de la sélection norvégienne, Roy Johansen. Mais nos joueurs jouent ensemble depuis huit, neuf, dix ans...»

Peut-être. Mais la Norvège n'a rien gagné depuis huit, neuf, dix ans.

L'équipe va tenter de limiter les dommages contre le Canada. Ole-Kristian Tollefsen, qui évolue dans le championnat suédois, va aborder le match «avec un sourire».

«Le truc, c'est que pour nous, être aux Jeux olympiques est un accomplissement important. Jouer contre le Canada, jouer contre la Russie aux Jeux olympiques ! On va prendre des risques et on ne sait jamais.»