Ils sont jeunes, sans complexes et arrivent à Sotchi avec l'intention de brasser la cage.

Maxence Parrot et Sébastien Toutant sont aux Jeux pour la première fois, tout comme leur discipline, le slopestyle. Ils ont respectivement 19 et 21 ans. Ça ne les a pas empêchés de s'en prendre mercredi à la légende vivante de la planche à neige, Shaun White.

Les deux athlètes québécois ont accusé le double médaillé d'or olympique de s'être retiré de l'épreuve car il avait peur de perdre.

«Shaun sait qu'il ne pourra gagner le slopestyle, c'est pour ça qu'il se retire. Il a peur!», a écrit Parrot sur Twitter. C'était la première salve.

La seconde est venue sur le même réseau social, mais du clavier de Toutant. «M. White, c'est facile de trouver des excuses pour se retirer d'une épreuve quand on ne pense pas gagner», a-t-il tweeté quelques minutes plus tard.

Les deux gazouillis étaient écrits en anglais. Maxence Parrot a plus tard effacé le sien. «Je m'excuse si j'ai choqué qui que ce soit. Je voulais simplement dire que c'est dommage de participer aux Jeux sans les athlètes les plus en vue.»

Plus tôt en journée, Shaun White avait annoncé qu'il renonçait à l'épreuve de slopestyle en planche à neige, dont les qualifications ont eu lieu dans la nuit de mercredi à jeudi, heure de Montréal. La finale des hommes sera disputée samedi.

Un sport spectaculaire et dangereux

L'Américain de 27 ans a le statut de légende. Il a remporté l'or lors de l'épreuve de demi-lune à Turin et à Vancouver. Il a empoché un nombre record de médailles aux X Games. Sur la neige, il est reconnu pour sa constance de métronome, qui lui a valu le surnom de «machine».

Mais la «machine» a failli mardi à l'entraînement. Sur le parcours de slopestyle que plusieurs jugent dangereux, White s'est blessé au poignet gauche. «Le parcours est intimidant», a-t-il admis.

Il n'était pas le seul à exposer des réserves. Pendant qu'il s'entraînait lundi, le Norvégien Torstein Horgmo, espoir de médaille, s'est fracturé la clavicule sur un des rails du parcours.

Mercredi, White a donc annoncé qu'il ferait l'impasse sur l'épreuve pour se concentrer sur sa spécialité de la demi-lune. «Ça n'a pas été facile de prendre la décision de ne pas me présenter, car je sais combien d'efforts ont été faits pour organiser la première épreuve de slopestyle de l'histoire olympique, une histoire dont je voulais faire partie, a écrit Shaun White dans un communiqué. Mais le risque de blessure est un peu trop important.»

Sa décision rappelle à quel point le slopestyle, tout comme la demi-lune et les disciplines issues des X-Games, est dangereux. Le favori, le Canadien Mark McMorris, est arrivé à Sotchi avec une côte fêlée, gracieuseté d'une compétition récente. Il admet qu'«endurer cette douleur est frustrant». Mais il l'endure à chaque descente et espère remporter l'or samedi.

Shaun White, qui n'était pas favori dans cette épreuve, avait-il peur de perdre comme le pensent les Québécois? Peut-être. Mais l'affaire est plus complexe. Un Norvégien est blessé. Un favori a la côte brisée. Une légende se désiste par peur de se blesser.

Les événements des derniers jours le soulignent à grands traits: le virage des Jeux vers les sports dits extrêmes va peut-être augmenter l'audimat et l'intérêt des jeunes, mais il se fera avec son lot de blessures, d'os cassés et de fractures.