Steve Yzerman est conscient des dangers qui guettent son équipe sur les grandes glaces internationales.

Le directeur général d'Équipe Canada n'a rien manqué du Mondial junior. Il a vu les jeunes joueurs canadiens dépassés devant la vitesse et l'agilité des Européens. Il se rappelle aussi les derniers Jeux olympiques disputés sur une glace aux dimensions internationales. À Turin il y a huit ans, les Canadiens avaient dû se contenter d'une misérable septième place.

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C'est donc avec la vitesse en tête qu'Yzerman a constitué l'équipe qui s'apprête à représenter le Canada sur les larges patinoires de Sotchi. Mardi à Toronto, il a dévoilé l'identité des 25 joueurs choisis. Parmi ceux-ci, le gardien Carey Price et le défenseur P.K. Subban.

La candidature de Subban a suscité bien des débats. Ses talents défensifs seraient-ils suffisants pour lui valoir une place dans l'équipe? Pour Yzerman, c'est sa vitesse qui a fait la différence.

«Sur une grande glace internationale, les joueurs doivent patiner, doivent être mobiles, surtout à la ligne bleue, a expliqué le directeur général d'Équipe Canada. P.K. est un patineur mobile et costaud, capable de se positionner pour réussir les passes importantes.»

L'entraîneur-chef de l'équipe canadienne, Mike Babcock, en rajoute une couche. «Qu'est-ce qui me plaît dans cette équipe? La vitesse, lance le pilote des Red Wings de Detroit. Des arrières incroyables capables de transporter la rondelle rapidement. Beaucoup de buts en avant. La capacité d'exceller dans les deux sens du jeu. Ai-je mentionné la vitesse? La vitesse!»

Les dirigeants de l'équipe jugent d'ailleurs que la cuvée 2014 sera plus rapide sur les ailes que celle de 2008 qui a remporté l'or à Vancouver. Mais il y a quatre ans, les Canadiens évoluaient sur une glace large de 26 mètres. Elle en aura quatre de plus en Russie.

Il n'est donc pas question pour les champions en titre d'arriver à Sotchi avec une mentalité «arrogante». Mardi, malgré les questions répétées des médias, les cadres n'ont pas voulu mettre leur tête sur le billot en parlant de médaille d'or.

«Je faisais partie de l'équipe de 1998 qui a joué très bien et qui a perdu en demi-finale à Nagano, rappelle Steve Yzerman. Les autres pays deviennent tous très forts, s'améliorent chaque jour davantage. C'est dur de gagner. Oui, on sera tous déçus de ne pas gagner l'or. Mais on ne peut arriver là-bas en pensant que c'est notre droit souverain.»

Devant le filet, Roberto Luongo et Mike Smith ont été choisis, en plus de Carey Price. Mike Smith était le candidat pressenti dans le rôle de troisième gardien. Mais Mike Babcock insiste: non seulement ne sait-il pas qui sera son premier gardien, mais encore il n'est pas prêt à exclure Smith.

«De choisir qui est le numéro un en partant serait ridicule, dit-il. Lequel pourra gagner les matchs? On part d'ici. On a choisi trois gardiens capables d'être numéro un.»

Des choix déchirants

Comme toujours dans ce genre d'exercice, l'annonce de mardi a suscité autant de discussions autour des joueurs choisis qu'à propos de ceux qui ont été laissés de côté. Le directeur général et les entraîneurs de l'équipe ont répété à quel point la sélection avait été «déchirante», compte tenu de la quantité des talents canadiens.

En fait, le nom des élus a été arrêté dans la nuit de lundi à mardi. Yzerman, Babcock et les autres se sont rencontrés en soirée dans un hôtel de Toronto. Les discussions ont duré jusqu'à une heure du matin.

«On est restés debout jusqu'aux petites heures de la nuit pour être certains de faire les bons choix, a raconté le DG des Red Wings, Ken Holland, qui a participé au processus de sélection. On a revu la liste pour être certains qu'on quittait l'esprit en paix.»

La candidature de P.K. Subban a-t-elle enflammé les débats? «Non», a répondu laconiquement Babcock.

Parmi les absents notoires, notons Martin St-Louis et Claude Giroux. Yzerman, Babcock et Holland n'ont pas voulu expliquer leur choix. Ils se sont contentés de mentionner que chaque joueur qui avait participé au camp de sélection mais n'avait pas été retenu avait été appelé mardi. Des conversations «difficiles», ont-ils ajouté.

«Tout le monde au Canada a son opinion sur les joueurs qui devraient représenter le pays aux Jeux. Et personne n'a tort, parce que ce sont tous de très grands joueurs», a fait valoir Ken Holland.

Peut-être est-ce en partie vrai, peut-être que personne n'a tort parmi les gérants d'estrade. Mais pour Équipe Canada et ses 25 élus, l'épreuve du feu va commencer à Sotchi le 13 février contre la Norvège. On saura alors bien vite si Yzerman et sa bande, eux, ont eu raison ou non.