La bonne nouvelle, c'est que ça va se passer sur du vrai gazon! On va y retrouver Donovan et Keane, mais malheureusement pas Titi Henry. Au moins, la finale 2014 de la MLS ne sera pas disputée sur une surface synthétique. N'en déplaise aux amateurs déçus de Seattle, disons-le en toute neutralité: on l'échappe belle! À l'issue des matchs retours de demi-finale de séries de Ligue majeure - disputés tous les deux sur carpette verte -, posons la question: le soccer sur gazon synthétique amène-t-il plus de mal que de bien à la MLS?

C'est connu, les vedettes détestent la surface artificielle. Quand Thierry Henry snobe une visite au Stade olympique - il a quand même tenu le coup 90 minutes samedi à Foxborough - ou que Robbie Keane qualifie d'impraticable le terrain des Whitecaps au BC Place, il n'est pas seulement question de goût trop pointu ou de tendons endoloris. C'est la qualité du jeu qui est la première à en souffrir.

Caprice de diva? Si seulement ce n'était que ça! Du drame - et des buts -, il y en a eu lors des demi-finales, autant à Boston qu'à Seattle. Il s'en trouvera pour dire que ce n'était pas du soccer plate! Certes, ça ne manquait pas de rebondissements sur ce terrain peu absorbant, mais on aurait dit une machine à boules dans laquelle les joueurs sont des «bumpers», avec ce drôle de soccer. Vous aimez ça, vous, le flipper? On se tanne assez vite, non? Sans les effets sonores, disons...

Contre les Sounders de Seattle, à la mi-temps, le Galaxy de Los Angeles affichait son plus faible pourcentage de passes réussies de la saison. Et ce n'était pas bien plus reluisant chez l'adversaire. Autrement dit, pas besoin d'être vendu au tiki-taka pour reconnaître que la qualité du jeu lors de ces matchs retours était sous la moyenne.

Sans maîtrise du ballon

Phénomène amplifié par l'enjeu des séries éliminatoires et le pressing mur à mur de certaines équipes nord-américaines? Probablement, mais qui est le vrai perdant quand Landon Donovan, Robbie Keane ou encore Clint Dempsey n'ont pas leur maîtrise habituelle sur le vilain tapis? C'est évidemment l'amateur de ballon rond de chez nous. Vous savez, celui qui regarde avidement le soccer de la Coupe du monde, mais qui boude le bleu-blanc-noir et ses adversaires pour un oui ou pour un non. Peut-on se permettre de lui donner d'autres raisons?

Qu'on me comprenne bien, je ne suis pas contre les surfaces de jeu qui nous permettent d'allonger des saisons dans notre climat pas très tempéré. Dans une optique de développement du sport, il y a certains avantages à ces pelouses en plastique qui ont connu une évolution dans les dernières décennies. On a peut-être une version 2.0 de ce qui, jadis, avait bousillé les genoux d'un Expos comme Andre Dawson, mais il m'apparaît contreproductif que les matchs les plus en vue de l'année dans le circuit Garber soient disputés dans des conditions qui compromettent une partie du spectacle.

C'est mon côté puriste, et je veux bien faire preuve de pragmatisme, mais l'hiver est-il si rude que l'herbe ne pousse plus sur les terrains de Cascadie?

Au demeurant, le niveau de jeu est l'élément le plus important à améliorer pour une ligue qui vise une place parmi les meilleures au monde d'ici les années 2020. On vante souvent sa croissance et ses infrastructures, mais on ne se précipite pas pour demander à des joueurs désignés comme Henry, Di Vaio ou Defoe ce qu'ils mettraient dans le bulletin à la qualité du jeu en MLS. Des plans pour que je passe soudainement pour un juge généreux...

La finale aura donc lieu sur gazon, dimanche à Los Angeles, entre le Galaxy et le Revolution de la Nouvelle-Angleterre... Ça aidera certainement Landon Donovan à démontrer toute l'étendue de son talent pour la dernière fois. Les conditions de jeu seront optimales pour son adversaire Lee Nguyen aussi. Idem pour Jermaine Jones, un joueur qui s'avère aussi agréable à observer en MLS que l'été dernier à la Coupe du monde. Une Coupe du monde... La FIFA ne permettrait jamais qu'on la dispute sur un terrain artificiel, n'est-ce pas?