«On va tout faire pour ne pas avoir une autre saison noire.» En formulant ce souhait, Patrice Bernier résumait bien l'état d'esprit des membres de l'organisation qui ont fait le bilan d'une année fort décevante, hier au stade Saputo.

Or, contrairement à l'hiver dernier, il faudra agir durant l'intersaison pour espérer combler les attentes du capitaine bleu-blanc-noir.

Frank Klopas a beau vouloir maintenir une espèce de «continuité» au sein d'un groupe qui n'a remporté que 6 de ses 34 matchs de saison régulière en Ligue majeure, il a intérêt à brasser les cartes s'il ne veut pas poursuivre ce qui, avec le recul, s'apparente davantage à une série noire.

Oui, une série noire - et pas non seulement une saison -, car rappelons-nous que le début de la glissade du club remonte à la fin de l'été 2013. Ironie du sort, l'Impact mise peut-être sur quelques jeunes loups prometteurs, mais force est de constater que le contenu de qualité manque à cet effectif pour attirer davantage les spectateurs. Bref, on ne se bouscule pas au portillon pour entrer dans le Frank Klopas World.

Besoins criants

Évidemment, pour connaître un retournement de situation semblable à celui effectué par DC United cette saison - de dernier à premier -, il faudra faire preuve d'astuce dans les changements. Et à la source de toute transformation réussie, il y a une analyse précise des besoins de l'organisation. Des besoins qui sont criants.

À en croire Dilly Duka, qui l'avait connu à Chicago, Klopas aime pouvoir compter sur «une abondance de joueurs de nature offensive» dans son effectif. En effet, avec Mapp, Romero, Duka et Piatti, le onze montréalais possède déjà son lot de joueurs ayant ce profil. À tel point qu'on peut se permettre de se concentrer sur d'autres aspects. Voilà un point de départ, mais il est regrettable que l'on donne l'impression à certains, comme Issey Nakajima-Farran, qu'ils se font «jeter aux poubelles».

Si Patrice Bernier parlait de malaise en début de saison, Nakajima-Farran a en quelque sorte confirmé que tout n'était pas au beau fixe dans le vestiaire montréalais. Point de véritable chicane, mais à lire entre les lignes, on sent que les joueurs ne partagent pas nécessairement les mêmes préoccupations.

Un manque d'engagement «collectif», selon l'artiste Issey, lui qui pourrait n'avoir fait que passer. Autrement dit, la ligne arrière et la pointe de l'attaque ont certes besoin de sang neuf, mais c'est aussi d'une présence accrue de leaders influents que l'Impact bénéficierait.

Savoir changer

On a beau vouloir se réinventer, dans un club qui, avant son passage en MLS, a connu du succès grâce à un mélange de passion et de défense bien soudée, il semble évident que ces deux éléments ont fait défaut cette année. On regrette quasiment les traditionnelles victoires 1-0 à l'arraché...

Une certitude, la paire Ferrari-Pearce n'est pas le socle sur lequel s'appuyer pour jouer le catenaccio: le mur qui faisait défaut cette saison lorsque le bleu-blanc-noir prenait les devants. D'ailleurs, faut-il s'étonner que l'on aperçoive déjà de nouveaux visages à l'entraînement alors que la saison vient à peine de se terminer? Outre le fait que l'on continue à s'entraîner quand le calendrier est terminé, la réponse est non. Adam Straith, un défenseur canadien de 24 ans, est un costaud qui vient justement de débarquer au stade Saputo. Au fait, Klopas connaît-il le numéro d'André Hainault?

Bref, il faut que ça bouge pour éviter de revivre une autre saison noire, car au risque d'énoncer une vérité de La Palice, avec le départ de Di Vaio, la game va changer... Et ce Jack Mac a l'air du jeune loup qui préférerait ne pas être solitaire. Quant au joueur désigné qui reste, ce Nacho est très bon, mais il n'a pas l'air du genre à faire des sermons dans le vestiaire. Il faut donc l'entourer pour empêcher l'effet Piatti de trop vite s'estomper. Il serait d'ailleurs naïf de croire qu'il peut à lui seul venir à bout de Pachuca. À moins que Klopas ne les surprenne par un numéro de nunchakus?