Et voilà, le spectacle est de retour sur la pelouse du stade Saputo. Un doublé de Nacho contre Columbus... Non, cela ne résume pas le fait saillant d'une soirée onéreuse au Centre Bell. Depuis son arrivée, Ignacio Piatti semble en bonne voie de rallumer, chez le onze montréalais, une flamme qui s'était éteinte en un coup de vent l'automne dernier. Est-ce l'étincelle qui manquait pour embraser des tribunes qui auraient bien besoin de se réchauffer?

Évidemment, la saison du bleu-blanc-noir a été pénible. Le niveau de l'équipe a rarement comblé les attentes du public. Et une bonne partie de celui-ci a choisi de tourner le dos à l'Impact. Ou pire, il s'est tout simplement désintéressé du sort de son club de Ligue majeure...

Remarquez qu'au-delà du rendement médiocre du onze montréalais cette saison, d'autres facteurs bien connus contribuent à ce phénomène chez l'amateur de sport local. Ne serait-ce que le fait qu'on l'informe encore souvent davantage des résultats des Mets et des Cubs que de celui des adversaires de son club de soccer. Et je n'ai rien contre le baseball, bien au contraire.

Question d'offre et de demande, me direz-vous. Encore faudrait-il que les médias - et je m'inclus dans ça - mettent plus fréquemment en lumière l'action d'un circuit dont Montréal fait partie: oui, je parle de la MLS. Saviez-vous que malgré des investissements de 100 millions, le Toronto FC est encore à la dérive? Avez-vous vu le dernier but de Robbie Keane? Et que peut-on apprendre d'une défaite des Red Bulls de Titi à DC? Espérons au moins que Frank Klopas, lui, en a entendu parler. Il y a toujours cette Ligue des champions qui pointe à l'horizon...

Créer l'ambiance

Toujours en quête d'attention médiatique et d'achalandage dans les gradins, l'organisation montréalaise sait pertinemment que ses insuccès sur le terrain jouent en sa défaveur. Les gens veulent une équipe gagnante. Difficile d'affirmer le contraire devant ces sièges qui ne trouvent pas preneur.

Si l'effet Piatti ne nuira pas à une éventuelle reprise, il reste que l'Impact a aussi sa part de responsabilités pour rendre encore plus attrayante la perspective d'une soirée au stade Saputo. Je ne parle pas d'ajouter des majorettes, des concours à la mi-temps, ni même des courses de petites autos sur écrans publicitaires comme on en voit parfois dans une enceinte sportive qui fait salle comble au moins 41 fois par année. Par contre, il y aurait peut-être l'idée des hot-dogs à 1 $... Mais je m'égare.

Ce que l'Impact de Montréal et le stade Saputo possèdent de particulier en matière d'ambiance, qu'on le veuille ou non, c'est surtout son groupe de supporters organisés qui le lui procure. Les Ultras, pour ne pas les nommer. Et c'est peut-être par leur silence occasionnel - une forme de protestation - qu'on les a le plus remarqués cette année. Sans le choeur, il y a des soirs où j'ai eu l'impression d'assister à un match des Expos lors de leurs moins belles années.

Bien sûr, il y a un certain penchant pour la provocation chez les Ultras. Leur relation avec l'organisation est loin d'être au beau fixe - la suspension de certains membres est un des sujets de contentieux. N'empêche que le déroulement d'un nouveau tifo ou l'ignition de fumigènes a cette capacité d'allumer le stade qui reste inhabituelle en Amérique du Nord.

Dangereux, les fumigènes? Certes, ce qui n'empêche pas que leur utilisation bien encadrée - le maire Coderre peut peut-être en parler aux pompiers? - permettrait à l'Impact de se distinguer pour son spectacle tant sur le terrain qu'en dehors. De quoi rivaliser avec Seattle ou Portland, et même de rendre jaloux le Centre Bell ! Est-ce rêver en couleur de voir tout ce beau monde collaborer? Probablement, mais peut-on se permettre de ne pas reproduire l'effet Piatti en pyrotechnie?