Non, ce n'est pas tellement beau, le fond du baril. Et ça ne sent pas tellement bon non plus. Le seul élément positif à retenir du match de samedi, c'est le gazouillis d'un président aigri qui manifeste le désir de s'en sortir, ou à tout le moins d'effectuer des changements. On l'a déjà dit, le contraire aurait été inquiétant. Parce que jusque-là, on avait l'impression qu'on s'était retenu pour ne pas appuyer sur le bouton de panique.

Mais il y en a marre de s'apitoyer sur le sort du bleu-blanc-noir. Le moral a beau être dans les talons, mieux vaut tenter d'être constructif! Après tout, ce club montréalais n'est toujours pas au bord de l'élimination. Or, il reste encore à trouver une réponse aux nombreuses questions. Bref, comme le chantait jadis le rappeur Benny B: «Et qu'est-ce qu'on fait maintenant?»

Évidemment, on souhaite en conserver un souvenir plus marquant que le tube éphémère du défunt trio belge.

À l'image de ses joueurs sur le terrain, le club semble toutefois à court d'idées pour se réinventer. Question d'alimenter sa réflexion, il serait toutefois étonnant que le onze montréalais s'inspire des bannières les plus originales des Ultras. Pas le temps non plus de consulter quelques notables sur les orientations à emprunter qu'ils jugent les plus souhaitables, comme on le fait, par exemple, au sujet de l'avenir du Stade olympique ou de Radio-Canada. L'ennui, pour le club ou les fans de Gilbert Rozon, c'est qu'il y a urgence d'agir.

Transaction?

À court terme, tous les indices pointent vers une transaction. Tel un stratège avant les élections, l'entraîneur Frank Klopas dit faire tout son possible à l'entraînement pour offrir à son effectif des conditions gagnantes. Faut-il en déduire que cet effectif, envers lequel la direction a maintes fois montré sa foi, ne possède pas suffisamment de qualités pour gagner contre un rival de qualité? Ils seraient donc là, les changements à prévoir.

Un club à la recherche de son propre effet Vanek, si vous voulez. Mais ne serait-il pas naïf de penser que l'Impact soit dans une position où l'arrivée d'un ou deux joueurs puisse changer sa destinée? Ce serait beaucoup demander, même à un joueur aussi convoité que Nacho Piatti. S'il est clair que du sang neuf est nécessaire pour donner du tonus à l'équipe, je rappelle simplement qu'un nouveau bibelot ou une nouvelle couleur ne peuvent réparer les fissures dans la fondation. Mince, moi qui m'étais juré d'être constructif, voilà que je m'égare.

De grâce, ne touchez pas à Mapp! Surtout si c'est pour ramener un genre de Justin Braun.

De son côté, Klopas semble installé pour rester. Le vote de confiance d'il y a quelques semaines de Nick De Santis et les propos dignes d'une gestion de crise de Marco Di Vaio - il ne l'a pas trouvé drôle: Scha-scha-Schällibaum! - montrent qu'on n'a pas le coeur à se trouver un nouvel entraîneur. Pourtant, le travail effectué ne produit pas de résultat, ni de style de jeu donnant l'impression qu'il y a la moindre évolution. De la tribune, on constate que Klopas travaille fort mais n'inspire pas. Il manque à cette équipe l'envie d'aller à la guerre ou d'être plus rusée que ses adversaires.

Dans les circonstances, ce que ça prendrait, c'est un genre de John Herdman, version MLS.

Herdman est l'entraîneur de l'équipe féminine canadienne qui avait pris en main une équipe «brisée» à la veille des Jeux olympiques de Londres avant de la guider vers la médaille de bronze. Le secret de l'entraîneur pour réaliser ce tour de force? Écouter les joueuses, les amener à se purger des déconfitures subies et les convaincre que le «fond du baril» est un endroit idéal pour se projeter vers le succès! Selon Herdman, la remise en question survenue au moment où il arrivait à la barre de l'équipe a permis de clarifier les objectifs et la méthode à utiliser pour y arriver. Et ensuite, il y a eu le travail. Beaucoup de travail, avec des joueuses engagées à fond dans l'aventure.

Voilà, c'est tout ce que ça prend. Ça, et un peu de Christine Sinclair...