Juste un petit rappel: ce texte n'est pas un boycottage du onze montréalais, même si j'admets d'emblée que le bleu-blanc-noir occupe une place limitée dans ce billet. Et bien que celui-ci soit empreint d'enthousiasme sur les fins de championnats au suspense hitchcockien en Angleterre et en Espagne, n'ayez crainte, je suivrai avec intérêt les péripéties de l'Impact à Edmonton en Championnat canadien.

Pourquoi cette mise au point? Juste pour clarifier qu'un intérêt affiché pour le soccer européen - ou encore un certain engouement pour la Coupe du monde le mois prochain - ne constitue pas pour autant une attaque envers le produit local.

Bien au contraire, mon amour du ballon rond est inclusif. Et j'aimerais réitérer que l'on est bien content qu'il y en ait un, produit local. On s'en voudrait d'ailleurs de le tenir pour acquis. Avouez toutefois qu'il est assez particulier de sentir le besoin de se dédouaner chaque fois que l'on formule une critique envers l'Impact, même si elle est constructive.

Et quand on parle de soccer sans parler du bleu-blanc-noir, au fond, tout ce qu'on souhaite, ce n'est pas lui enlever des abonnés ou de la visibilité, mais bien de contribuer à la dissémination de la culture footballistique au Québec.

On mène bel et bien le même combat. Bien que je sois persuadé du contraire, l'Impact donne parfois l'impression de tout faire en son pouvoir pour se tenir loin des projecteurs, en limitant la présence médiatique aux séances d'entraînement, par exemple. On entend souvent l'expression «soutiens ta ville», dont on semble se servir pour rappeler à l'amateur sportif montréalais d'encourager son club de soccer entre deux matchs de séries de la Sainte-Flanelle.

Or, tout ce mélodrame me donne envie de rétorquer «soutiens ton sport» à un club dont l'attitude semble trahir une crainte que l'amateur soit si rapidement saturé qu'il ne puisse emmagasiner plus d'une activité de ballon rond à la fois.

De Gerrard à Suarez

Pendant ce temps en Angleterre, Liverpool vient peut-être de voir lui échapper le titre de ligue anglaise qui manque à son palmarès depuis 1990. En laissant filer une avance de trois buts à Selhurst Park contre Crystal Palace, les Reds semblent avoir définitivement bousillé l'occasion de devenir champions qu'ils s'étaient eux-mêmes créée en battant Manchester City à domicile, il y a moins d'un mois.

Les larmes de joie du capitaine Steven Gerrard lors de cette victoire que l'on avait crue décisive ont été remplacées par les sanglots de Luis Suarez à l'issue du sifflet final. Évidemment, les retournements sont encore dans l'ordre du possible avec Manchester City, qui doit affronter Aston Villa demain, sans parler des matchs disputés simultanément lors de la ronde finale de dimanche.

Mais tout ça prend une tournure plutôt triste pour les fidèles partisans ainsi que pour tous ceux qui ont été séduits par la saison exceptionnelle de ce prestigieux club anglais, si près de renouer avec son lointain passé glorieux. Oserais-je dire qu'à un moment, j'y avais même vu un parallèle à faire avec une certaine équipe locale et son public si sensible à la moindre odeur de Coupe? Quoi qu'il en soit, ça vaut la peine de mettre le cadran pour suivre avec moi le dénouement du championnat, dimanche matin au petit écran.

En passant, la course est tout aussi imprévisible en Espagne. Des trois clubs de tête, aucun n'a gagné le week-end dernier. Et même s'il a perdu, l'Atletico Madrid est encore le favori pour l'emporter. Seulement, il faut gagner les deux matchs qui restent à jouer. Et le dernier sera disputé au Nou Camp contre un Barça qui pourrait bien ouvrir la porte au Real Madrid s'il devait gagner.

Bienvenue la controverse dans un championnat déjà habitué aux épisodes dramatiques lors de la dernière journée. Pour un fan du Real ou du Barça, ne pas gagner le titre représente une déception, mais rien n'est aussi douloureux qu'une conquête par le rival honni. Ça sent déjà assez fort le dilemme du Culé.