Appelons un chat un chat. Ça va mal. Même s'il est encore tôt dans la saison et que les blessures et les suspensions font partie de l'équation, cessons de nous leurrer. L'édition 2014 de l'Impact de Montréal ne démontre pas un potentiel suffisant pour rivaliser avec ses concurrents de Ligue majeure. Plutôt candides depuis le début de saison en tentant de nous convaincre que le verre est à moitié plein, on en vient presque à craindre le ressac lorsque la direction du club entendra la sonnerie du réveille-matin. Mais avant de paniquer, essayons simplement de bien comprendre ce qui cloche.

S'il y a croissance modérée dans certains départements de l'organisation, force est de constater que sur la pelouse, le Bleu-blanc-noir perd du terrain. On veut bien ne pas se laisser distraire par ce qui se fait ailleurs dans la ligue - rappelons au passage que Toronto a encore gagné grâce à Defoe -, mais les lacunes au niveau du recrutement et l'absence de solution à des problèmes tactiques récurrents n'ont rien de bien réconfortant.

Des problèmes comme une attaque unidimensionnelle, dépendante de Marco Di Vaio. Comme une incohérence dans les rôles attribués au milieu à Hernan Bernardello et Patrice Bernier qui s'entravent plus souvent qu'ils ne s'entraident. Avec des joueurs dotés d'un talent pareil, il est déconcertant que l'Impact ne contrôle pas davantage le rythme des matchs. Trop souvent, on a l'impression que Bernier se soustrait tandis que Bernardello tente d'en faire trop. Au final, tous les deux forcent le jeu. Ça ne date pas d'hier. Vous souvenez-vous de la dernière fois où le onze montréalais a réellement dominé le milieu?

Face à Seattle, qui comptait ses propres absents d'envergure - les internationaux américains Clint Dempsey et Brad Evans -, l'Impact n'a jamais été dans le coup. La différence de niveau était claire à bien des égards. Même un avantage en temps de possession ou un nombre de tirs au but favorable à l'Impact ne suffisent pas à amoindrir l'écart. Au soccer, celui qui se concentre trop sur les statistiques rate l'essentiel de l'histoire.

Justement, l'histoire du match dimanche, c'est qu'à lui seul, Osvaldo Alonso n'a fait qu'une bouchée des milieux montréalais. Qu'Oba Martins et Lamar Neagle n'ont eu besoin que d'une fraction des occasions obtenues par l'Impact pour plier l'issue de la rencontre. Et que dans la bataille des gros bonshommes, Chad Marshall a dominé Andrew Wenger.

Ce n'était qu'un match. La saison est encore jeune. Or, en filigrane, il s'agit aussi du plus récent chapitre d'une histoire de discorde entre la vision de la direction et la philosophie des trois derniers entraîneurs du club. On l'a dit et on le répète, l'Impact a besoin de renforts. Mais il est impératif que ceux-ci s'arriment au plan de match de l'entraîneur et vice versa. On peut toujours aller chercher un troisième joueur désigné, mais il ne serait guère utile si on lui préfère Collen Warner... Pensez-vous que l'état-major a sourcillé quand on a sorti Bernardello du terrain contre Seattle?

Je n'ai rien contre Warner, bien au contraire. Il s'agit d'un type de joueur utile et nécessaire en Ligue majeure. Mais ce n'est pas celui qui aide à faire briller ses coéquipiers comme on l'espère de la part d'un joueur désigné à la manière de Michael Bradley avec le Toronto FC.

À ce propos, on parle à nouveau de l'Argentin Ignacio Piatti comme recrue estivale potentielle. Une rumeur alléchante qui pourrait servir à masquer les problèmes de fond dont on vient de parler. À l'heure actuelle, il est difficile de ne pas donner raison aux experts de la MLS qui placent le Bleu-blanc-noir au dernier rang dans leurs prédictions.

En espérant que ça puisse servir de motivation aux joueurs qui sont du genre à retrouver espoir quand ils sont convaincus que l'organisation va dans la bonne direction. D'ailleurs, tout n'était pas noir ce week-end. Il y a une semaine à peine, on annonçait la fin du cycle du Barça en Espagne. Mais trois buts de Messi et une victoire au Clasico ont montré que les tendances sont faites pour être inversées...

Digne de l'effet Vanek, foi de culé!