Ça sent la Coupe à Montréal. La Coupe Jules-Rimet, s'entend. Français, Portugais, Grecs, ils ont obtenu les billets qui restaient pour les Européens à la Coupe du monde. Avec l'Algérie qui en a fait autant et l'Italie depuis longtemps assurée d'y participer, c'est Denis Coderre qui va être content. Sa ville sera soccer pendant l'été, du moins pour un petit bout de temps!

Comment? Il n'y a pas de 34e Rue à Saint-Denis? Faudra y songer. Cela n'a pourtant pas empêché un miracle de survenir sur une pelouse du Stade de France drôlement amochée. Contre une équipe d'Ukraine apparemment secouée par l'atmosphère endiablée créée par le public parisien, l'équipe de France a mis en vitrine son plus beau visage. Celui d'une formation dont le collectif surpasse la somme des individualités qui la composent. Noël arrive tôt cette année.

De quoi nous rappeler une certaine équipe championne, une équipe surnommée «black-blanc-beur». D'ailleurs, le héros de la remontée contre l'Ukraine, Mamadou Sakho, est un défenseur qui a trouvé le moyen de marquer ses deux premiers buts en carrière pour les Bleus. Exactement comme l'avait fait Lilian Thuram un certain soir de juillet 1998, lors de la demi-finale contre la Croatie. Être à la bonne place au bon moment, c'est un don, à ce qu'il paraît.

Sakho, qui n'avait pas été titularisé à Kiev pour le match aller, doit être particulièrement satisfait d'avoir réussi son exploit devant les siens. Ancien joueur du Paris-Saint-Germain, Sakho avait pleuré en apprenant qu'on l'avait vendu à Liverpool en septembre dernier. Une belle preuve que, vedettes ou pas, certains Bleus aussi ont des sentiments. Et qu'ils tenaient cher à leur place au pays de la samba. Trois à zéro. On peut le dire, c'était beau. Soupir de soulagement de l'Élysée jusqu'au bureau d'arrondissement du Plateau.

À part Sakho, on soulignera au passage les matchs impressionnants de Paul Pogba et de Mathieu Valbuena. Du haut de ses 20 ans, le premier démontre un potentiel rappelant Patrick Vieira à son apogée. De son côté, «Petit Vélo» - c'est ainsi qu'on surnomme le milieu de terrain marseillais - a poursuivi son joli parcours avec les Bleus. Valbuena a rempli sa mission, semant la pagaille à maintes reprises chez les Ukrainiens, un rôle dans lequel Samir Nasri avait échoué une semaine plus tôt.

Ronaldo s'impose

De la tension, il y en avait aussi du côté des Portugais. Alors que le plus dur semblait avoir été fait une fois que Cristiano eut ouvert la marque à Stockholm, deux buts de Zlatan Ibrahimovic - qui d'autre? - ont ramené un peu d'intérêt à la rencontre.

Cependant, l'intrépide Ronaldo n'avait pas dit son dernier mot. Grâce à deux contre-attaques incisives ressemblant à celles auxquelles il nous a habitués au Real Madrid, CR7 a complété un tour du chapeau qui, en plus de confirmer la place du Portugal au Brésil, a ravivé le débat entourant le Ballon d'or. À tel point que la FIFA aurait l'intention de prolonger la période de vote pour l'édition de cette année, qui devait se terminer le 15 novembre.

Chose certaine, Ballon d'or ou pas, Ronaldo et sa Seleçao seront de la partie au pays auriverde. Avec un peu de chance et une défense un peu moins poreuse, le Portugal pourrait bien causer une surprise durant le tournoi. À condition, bien sûr, que son fer de lance Ronaldo soit en santé et assez frais pour tout donner.

Après ce duel épique contre Zlatan, on ne détesterait pas voir Cristiano se mesurer à un petit Argentin prénommé Lionel dans un stade de Rio ou de São Paulo.

Actuellement au rancart pour une période de six à huit semaines, Messi a encore tout son temps pour bien guérir.

Après une journée aussi fertile en émotions, c'est si facile de rêver et de croire qu'il n'y a rien de trop beau. Sauf pour Zlatan...

Photo Jonathan Nackstrand, AFP

Cristiano Ronaldo a réussi un tour du chapeau contre la Suède, mardi, pour permettre au Portugal de se qualifier pour la Coupe du monde.