Avec ce bilan qui n'en est pas un, l'Impact de Montréal fait de son mieux pour entretenir le suspense. Se pourrait-il que les scripteurs de cet interminable feuilleton n'aient pas encore trouvé de solution à cette série infinie de péripéties?

Toujours est-il que les réponses aux questions qui persistent au sujet du poste d'entraîneur se font toujours attendre. Si bien que l'on continue d'ignorer qui prendra les rênes de la formation. Et même si Marco Schällibaum n'a pas encore été complètement écarté de l'équation, combien de temps peut-il encore s'écouler avant qu'il ne rentre seul à la maison?

Reconnu pour ses habiletés de motivateur, Schällibaum aura d'abord insufflé un nouvel élan à une équipe qui cherchait à prendre son envol après une première saison consacrée à l'érection des fondations. Paralysé par le souque à la corde entre Jesse Marsch et la direction montréalaise, le onze montréalais aura bénéficié pendant une moitié de saison de l'arrivée d'une voix nouvelle.

Mais le Volcan suisse est un homme particulier qui n'aura pas su conserver l'unité qui habitait le vestiaire en début de saison. Si les sautes d'humeur et les suspensions en auront fait sourciller certains, les choix de titulaires et les substitutions parfois surprenantes auront fait décrocher les autres. Parlez-en au capitaine Davy Arnaud, ignoré lors du dernier match de l'année, ou encore à Felipe, qui doit encore se demander ce qui lui est arrivé pour être ainsi désavoué.

Un rassembleur?

Au-delà du mécontentement des laissés-pour-compte, l'attitude affligée de Marco Schällibaum durant la fin de saison a de quoi insécuriser l'état-major montréalais quant à sa réelle volonté de rassembler les troupes.

Depuis son embauche, on claironnait haut et fort que le rapport entre le pilote suisse et la direction était plus serein qu'à l'époque de Marsch. Or, ils ont beau bien rigoler ensemble, on doit certainement reprocher à l'entraîneur de ne pas avoir su animer ses ouailles du sentiment d'urgence qui faisait si cruellement défaut lors de la débandade du onze montréalais.

Détient-on désormais un élément de réponse au questionnement d'un journaliste suisse interrogé par Pascal Milano en juillet, qui se demandait si la méthode Schällibaum «peut s'inscrire dans la durée» ?

En effet, en plus de créer «une alchimie» et de pousser les joueurs à «donner le meilleur d'eux-mêmes,» l'entraîneur d'une formation de MLS a le devoir de fournir des repères à des joueurs dont l'éducation footballistique diffère selon la culture.

Concrètement, à l'Impact, il faut donner des pistes aux joueurs offensifs pour mieux mettre en valeur Marco Di Vaio. L'absence de cohérence entre les appels du légionnaire bolognais et le mouvement hésitant d'Andrew Wenger en est la preuve la plus criante. Et l'insistance de certains joueurs à centrer le ballon à un attaquant qui marque rarement de la tête témoigne aussi du manque de solutions quand on pénètre dans le dernier tiers.

Autrement, le onze montréalais a besoin de trouver un moyen pour mieux entourer Hernan Bernardello afin que son rôle de distributeur ne souffre pas des efforts excessifs qu'il déploie pour récupérer le ballon. Et c'est sans parler des défaillances de la ligne arrière, qui seront sans doute amplifiées par le départ d'Alessandro Nesta.

Enfin, pour revenir au point de presse de MM. Saputo et De Santis, vous me permettrez un petit commentaire. On aura remarqué la réaction offensée du président au sujet d'insinuations selon lesquelles la direction sportive du club s'ingère dans les choix tactiques de l'entraîneur. Certes, tout le monde peut changer, même ceux qui ont un lourd passé.

Or, est-il hâtif pour un ancien de l'organisation d'en venir à une telle conclusion quand on croit reconnaître certaines tendances et que l'on constate une présence de plus en plus envahissante lors des entraînements? À ce propos, je préfère, moi aussi, prendre le temps de bien analyser la situation avant de me prononcer sur la question.