L'Impact a-t-il crié victoire trop tôt? L'enthousiasme que suscitait l'équipe gagnante de Marco Schällibaum en août fait maintenant place à une longue et pénible agonie à chaque nouvelle sortie. Celle de samedi avait de quoi tester la foi des partisans, même les plus convaincus. Une performance insipide de la part d'une équipe dont on voit maintenant bien plus les limites que le potentiel.

Dans sa forme actuelle, l'Impact a l'air d'un marathonien qui a frappé le mur. Certes, on n'a pas abandonné. Le club tient toujours le discours de celui qui veut aller jusqu'au bout. Mais la cadence n'est plus la même qu'en début de campagne. Et à voir le Revolution marcher sur l'Impact ce week-end au stade Saputo, on s'aperçoit que si les autres coureurs n'ont pas encore dépassé le onze montréalais, ils approchent à vive allure.

Tout allait pourtant si bien. Aigri par le divorce acrimonieux d'avec Jesse Marsch, l'équipe 2013 de l'Impact semblait possédée par le désir de prouver à la MLS qu'elle pouvait atteindre ses objectifs en faisant les choses à sa manière. Nul doute que le club a pendant un temps carburé aux doutes entourant son virage eurocentrique.

Voyons donc! Un entraîneur européen sorti de nulle part et de vieux joueurs italiens sur le déclin, ce n'est pas de cette façon qu'on a du succès dans le circuit Garber! Or, avec un championnat canadien en poche et une place enviable parmi le peloton des meneurs à la mi-saison, c'est toute l'intelligentsia de la Ligue majeure qui se voyait forcée d'agréer. La force était avec eux.

Seulement, l'Impact a-t-il crié victoire trop tôt? Où se cache le Jedi?

«Qu'ils se révoltent»

On croyait bien avoir remédié aux maux qui affligeaient le onze montréalais l'an dernier. Mais les mauvaises fins de match ont été remplacées par des entrées en matière sans conviction. Et les quelques victoires supplémentaires acquises sur la route ne compensent plus une forteresse de plus en plus prenable au stade Saputo. Où sont donc passées ces idées nouvelles qui surprenaient l'opposition en début de saison? Il faut croire que les forces du mal ont su s'ajuster à l'Impact.

À ce propos, la semaine d'entraînement précédant la déconfiture contre la Nouvelle-Angleterre avait pourtant été bonne. Hormis le fait que plusieurs joueurs restaient à l'écart pour soigner leurs nombreux bobos, le groupe sur le terrain, bien qu'inexpérimenté, laissait présager quelques innovations et une ambition qui fait actuellement défaut au onze montréalais.

Cependant, en voyant l'Impact si amorphe samedi après-midi au stade Saputo, j'ai eu l'impression que la confirmation du retour au jeu de vaillants guerriers comme Di Vaio et Bernier avait évacué l'énergie nerveuse qui animait l'équipe pendant la préparation au match. Apparemment soulagée de pouvoir se placer en mode pilote automatique, elle n'a été, au final, qu'une proie plus facile à digérer pour le Revolution.

Que manque-t-il donc à l'Impact? «Qu'ils se révoltent,» a répondu Marco Schällibaum lors de son entrevue à la télé durant la première mi-temps du match de samedi. Sur ce plan, on est encore bien loin du compte, si ce n'est le rififi de Di Vaio quand Romero perd trop facilement le ballon. Il a bien raison. Mais la critique publique d'un coéquipier signale que la discorde prend le pas sur l'harmonie au sein du groupe. Ce qui fera toujours davantage l'affaire de l'adversaire...

Du coup, avec toutes ces amendes accumulées et ces penalties non sifflés, il devient tentant pour Schällibaum et la direction montréalaise d'y voir un plan machiavélique de l'empereur Garber visant à remettre l'Impact à sa place. À tel point que nous en sommes, on souhaite quasiment le retour d'un Jedi pour sauver l'Impact de la catastrophe. Brovsky étant définitivement à l'écart, l'idée que Nelson Rivas soit appelé à jouer les Skywalker n'est soudainement plus si farfelue. Le Colombien a-t-il du Andrei Markov en lui?