Un pas de plus vers les séries éliminatoires, bien que la démarche n'ait pas été des plus assurées. À en juger par les paroles du gardien Troy Perkins, un homme qui aime faire dans le concret, les joueurs demeurent lucides par rapport à leur rendement après la difficile victoire de 2-1 contre DC United, samedi soir au stade Saputo. «Rendus au point où nous sommes dans la saison, c'est rarement joli. Mais c'est ce qu'on doit faire pour arriver à gagner.» Et Perkins s'est permis d'ajouter une phrase que Matt Jordan, un autre gardien qui a marqué l'histoire du onze montréalais, aimait bien répéter: «We just gotta grind out results

Autrement dit, et j'ai intentionnellement fait le choix de ne pas traduire cette expression usitée du sport états-unien, l'Impact devra dorénavant pondre - ou moudre? - le résultat qu'il lui faut en faisant fi de la manière employée pour l'obtenir. Une expérience potentiellement douloureuse tant pour les joueurs que pour les spectateurs.

Or, le bleu-blanc-noir a eu beau serrer les dents durant son dernier match, ce sont les deux gestes de classe internationale du joueur désigné Marco Di Vaio qui ont fait la différence pour que le club parvienne à ses fins. Ouf et grazie mille.

Deux visions des choses

À l'époque où je côtoyais Jordan dans le vestiaire, il n'était pas rare pour le gardien américain - maintenant directeur des opérations de l'Impact - de rappeler ses coéquipiers à l'ordre lorsqu'il percevait de la nonchalance ou que les résultats n'étaient pas au rendez-vous. Selon Jordan, le onze montréalais était une équipe qui connaissait du succès en persévérant et en jouant sans fioriture. Dominer la possession du ballon? Pour quoi faire? Bref, ce qui s'appelle moudre des résultats.

Il faut d'ailleurs admettre que cette recette n'était pas étrangère aux conquêtes du championnat canadien de 2008 et du championnat de deuxième division en 2009. Des titres acquis dans la rigueur après des débuts de campagne plutôt chancelants.

Or, tout cela est de l'histoire ancienne. L'Impact évolue maintenant en Ligue majeure et compte en ses rangs plusieurs joueurs de classe internationale. À en juger par l'ambition du président Saputo et par le recrutement de Nick De Santis, l'organisation montréalaise vise non seulement à gagner, mais aussi à séduire par la qualité de son rendement sur la pelouse.

Bref, la mentalité plus résiliente souhaitée par Troy Perkins peut certainement aider l'Impact à gagner des matchs, mais ce n'est pas tout à fait pour cette raison que l'on fait l'acquisition d'un milieu de terrain comme Hernan Bernardello. Certes, le petit Argentin n'a pas connu une grande sortie contre DC United, mais comment bénéficier de sa distribution quand on se contente de seulement 42% de possession du ballon? Autant faire jouer Collen Warner ou Davy Arnaud si on ne cherche que du muscle et de l'abnégation à cette position.

De toute évidence, Marco Schällibaum devra trouver un compromis pour stabiliser un navire montréalais qui tangue. Voilà le défi du pilote européen qui doit concilier la vision de son directeur sportif avec une mentalité bien ancrée en MLS. Tout cela sans négliger de répondre aux attentes de ses joueurs-cadres.

Pour y arriver, l'entraîneur montréalais aura besoin de tranquillité d'esprit après s'être de nouveau emporté en fin de match samedi. L'émotivité de Schällibaum doit aider à en allumer quelques-uns au sein de l'effectif, mais elle doit aussi commencer à irriter les caractères plus paisibles. À l'heure actuelle, l'Impact a davantage besoin des ajustements tactiques du Volcan suisse que d'une nouvelle éruption qui oblige Patrice Bernier à jouer les pompiers sur les lignes de côté.

On se doute que Schällibaum aura le temps de réfléchir à tout ça puisque, après le court voyage au Guatemala, une nouvelle suspension risque de le contraindre à regarder le prochain match au stade Saputo dans une loge qui le tiendra bien éloigné du banc contre le Dynamo de Houston. On a presque envie de dire que ça tombe bien, car il reste encore beaucoup, beaucoup de grain à moudre.