Autre fin de semaine de congé pour l'Impact et point de rumeur pour nous tirer de l'oisiveté qui nous guette - pas moyen de se rabattre sur le Beach Soccer, cette fois. En 20 ans d'histoire, on a déjà connu le onze montréalais plus remuant sur le marché des transactions, et sans doute moins convaincu d'avoir avec lui tous les éléments requis pour faire la conquête d'un titre.

Bref, la pause est l'occasion idéale d'avancer les travaux de jardinage, d'effectuer la relecture d'un vieux numéro du Blizzard - magazine de littérature footballistique que je recommande fortement - et de faire un premier bilan de saison du bleu-blanc-noir. Mettons donc un instant de côté la terre et l'engrais ainsi que cet essai empreint de nostalgie de Gabriele Marcotti relatant l'échec des Azzurris au Mondial 90.

Si l'examen général de l'Impact survient de façon assez hâtive - le club n'a pas encore disputé le tiers des matchs prévus à son calendrier -, on décèle déjà quelques tendances qui seront déterminantes pour l'entité montréalaise d'ici la fin de la saison.

Travailler à un plan B

Premier constat, l'Impact a dépassé les attentes jusqu'à maintenant en cette deuxième année en Ligue majeure. Inspirée par le rendement irréprochable de son joueur désigné Marco Di Vaio, l'équipe a soutiré des résultats dans plusieurs matchs qu'elle n'a pas nécessairement dominés.

N'enlevons rien aux performances satisfaisantes des Perkins, Brovsky, Camara ou Bernier.

Il est évident que la réussite montréalaise est le fruit d'un effort collectif. Toutefois, dans un circuit caractérisé par la parité, Di Vaio est celui qui, le plus souvent, fait la différence en faveur de l'Impact.

Par ailleurs, la renaissance sous Marco Schällibaum de joueurs comme Justin Mapp et Davy Arnaud n'est pas à négliger. En déplaçant ces deux pièces au sein de son animation, le Volcan suisse a trouvé le moyen de faire rejaillir chez eux la flamme que l'on avait jadis cru éteinte.

Mais tout n'est pas encore au point chez un onze montréalais dont l'efficacité à l'attaque dépend largement du style de ses adversaires. L'Impact version 2013 est une équipe redoutable en contre-attaque, qui peine lorsqu'elle doit faire preuve de plus de patience dans la construction du jeu. Le dernier match contre les Whitecaps de Vancouver en était l'exemple parfait.

Les hommes de Schällibaum devront apprendre à mieux étoffer leur attaque lorsque la progression est freinée par sept ou huit défenseurs bien regroupés. Un scénario appelé à se reproduire si les dépisteurs de la MLS font bien leur travail. Dans les circonstances, un soupçon de tiki-taka - ils ont montré en être capables - pourrait servir de remède contre le «kick and run» qui sert trop souvent de béquille au bleu-blanc-noir.

Pour y arriver, il sera sans doute nécessaire de repositionner d'autres éléments de l'effectif. Si Romero et Nyassi ont prouvé qu'ils pouvaient causer des dommages lorsque le jeu était ouvert, Schällibaum aura besoin de joueurs comme Pisanu et Ubiparipovic quand le onze montréalais sera dans l'obligation de faire circuler le ballon pour créer l'ouverture contre un adversaire discipliné. Il n'existe pas de solution à toute épreuve, de là l'importance de travailler à un plan B.

Comme le dirait Francis Cabrel, c'est une question d'équilibre.

Par ailleurs, pendant que certains esprits distraits attendent avec impatience l'éclosion dans leur jardin des lys et des hostas, l'entraîneur montréalais doit, de son côté, espérer la réémergence de joueurs comme Nesta, Paponi ou Felipe. Si les deux premiers devraient se remettre prochainement des blessures qui les tiennent loin des terrains depuis près d'un mois, on attend encore du troisième qu'il retrouve les couleurs de l'été dernier.

Car ce qui fait encore défaut au paysage montréalais, c'est une touche de flamboyance qui attirerait l'intérêt d'un public qui se contente souvent de surveiller l'action du coin de l'oeil. Est-ce nécessaire d'avoir le pouce vert pour comprendre ça?