Ce n'est pas un mauvais début de saison pour l'Impact, au contraire, Mais force est de constater que le rythme est drôlement saccadé. Il y a d'abord eu le report du match du 6 avril à Los Angeles, puis la tempête de neige et ses conséquences ennuyeuses sur le match prévu samedi dernier.

Bref, on a l'impression que le onze montréalais doit se redonner un élan chaque fois que l'on siffle le coup d'envoi.

Et voilà que l'Impact amorce une autre longue pause avant de s'attaquer au championnat canadien à Toronto, la semaine prochaine. Une compétition qui pourrait fort bien servir de tremplin au Bleu-Blanc-Noir. Rien de mieux qu'un titre en poche pour se libérer de la pression des attentes de l'exigeant public montréalais.

D'ailleurs, parlons-en un peu, du public qui remplit - pas encore au complet, il faut le dire - les tribunes du stade Saputo.

La foule aux matchs de l'Impact est hautement bigarrée. Les familles du temps de la USL sont toujours au rendez-vous, mais l'organisation montréalaise a mis les bouchées doubles depuis son passage en MLS pour attirer une clientèle jeune (les 18-34 ans) qui, souvent, connaît mieux le ballon rond. Toute cette faune cohabite avec une horde d'amateurs de sport montréalais qui tente tant bien que mal d'apprivoiser les subtilités du onze de Marco Schällibaum ou encore les simagrées de Marco Di Vaio quand le service n'est pas à son goût.

Une ville et son équipe

S'ils sont nombreux, les partisans irrités par la fréquence des hors-jeu signalés contre Di Vaio - il mène la ligue à ce chapitre avec 20 -, l'Italien fait assurément l'unanimité quand il secoue les cordages comme il l'a encore fait dimanche contre Columbus. Je n'essaierai pas de convertir ceux que le style et les manières de Di Vaio exaspèrent. Mais il faut accepter qu'à 36 ans, l'artilleur montréalais n'est pas près de changer.

En fait, l'âge n'a rien à voir avec l'affaire. Taquiner la charnière adverse comme le fait Di Vaio relève d'un art qui compte peu d'adeptes. Mais le talent du Romain n'a rien d'abstrait, et tous sauront reconnaître le concret de ses trois réalisations cette année. Que l'on aime ou pas, l'artiste a prouvé son utilité.

Reste que parmi les spectateurs que l'Impact essaie d'amadouer, il y en a que le caractère des acteurs qui tiennent la vedette sur la pelouse du stade Saputo n'arrive pas à séduire. Je ne compte plus les fans de hockey qui reprochent aux joueurs de soccer leur tendance à se rouler trop souvent par terre après un contact en apparence anodin. Je ne ferai pas l'apologie des tannants qui minent le sport avec leur cinéma, mais je regrette encore qu'un des nôtres n'ait pas fait le coup aux méchants du Santos Laguna un certain soir de mars 2009. Avoir cassé le rythme des Mexicains au bon moment, l'issue du match aurait pu changer et l'aventure en Concacaf, continuer...

Bref, on dirait parfois que l'amateur qui goûte au soccer une ou deux fois par année rechigne à la vue du moindre geste malin du footballeur d'expérience.

Préférerait-il qu'on jette les gants - que seul le gardien possède au soccer, en passant - pour mieux en découdre? Ça fonctionne assez bien au hockey, il paraît.

Pardonnez ma mauvaise foi, car au fond, je crois sincèrement que la culture du foot n'a rien d'irréconciliable avec les valeurs sportives locales. Le malentendu signale plutôt un manque d'ouverture de part et d'autre de la question.

Et quand j'entends les parents hurler de kicker le ballon au parc et décourager la moindre forme de tiki-taka chez les jeunes, je me dis que l'Impact est loin d'être la seule victime de cette fermeture d'esprit.