C'est dans le Midwest américain que le nuage sur lequel flottait l'Impact depuis le début de la saison s'est finalement dissipé.

Samedi dernier, l'équipe de Marco Schällibaum a été complètement étouffée à Kansas City, une ville justement réputée pour ses BBQ. Sauf que contrairement aux normes de la cuisine locale, le Sporting n'a pas eu besoin d'attendre longtemps pour que la fumée attendrisse le onze montréalais.

Malgré son classement inférieur à celui de l'Impact, la domination de Kansas City a été sans équivoque; l'entraîneur montréalais l'a reconnu lui-même après le match. On a d'ailleurs constaté dans le collectif de Schällibaum beaucoup trop d'espace entre les joueurs qui attaquaient et ceux qui restaient pour défendre. Le manque de cohésion a surtout paru lors des transitions à la perte du ballon. Sur le premier but, notamment, alors que Camara était monté d'un cran et que les milieux et autres défenseurs montréalais n'ont pu rééquilibrer à temps.

Bref, une équipe qui ressemblait davantage à celle qui peinait à l'étranger en 2012 qu'au bloc compact qu'on avait aperçu jusque-là en 2013.

Le pauvre Patrice Bernier - malheureusement pas dans une bonne journée - a maintes fois tenté de colmater les brèches dans le milieu de terrain montréalais. Or, il s'est souvent lui-même sorti du jeu en tentant de réparer les erreurs des autres. Étonnamment désorganisé sur le plan défensif, l'Impact n'a jamais réussi à ralentir les attaques du Sporting, ce qui aurait permis un repli plus efficace. Trop anxieux, trop précipité et au bout du compte trop facilement déjoué par Zusi et compagnie.

Felipe porté disparu

L'Impact a donc deux semaines pour analyser les causes de cette première défaite avant de reprendre l'action au stade Saputo, le 13 avril. Cette période pourrait s'avérer fort utile à plusieurs égards. D'une part, les blessés pourront panser leurs maux; d'autre part, certains éléments importants de la formation pourront en profiter pour réfléchir aux manquements qui nuisent à leur rendement.

Le Brésilien Felipe, par exemple, est un de ceux qui doivent jouer un rôle plus prépondérant dans l'animation offensive. Alors que son partenaire au milieu Davy Arnaud a élevé son jeu d'un cran depuis l'an dernier, le petit numéro 7 n'a plus la même influence dans l'entre jeu montréalais. On s'ennuie entre autres des combinaisons qu'il avait l'habitude de mettre en place avec Marco Di Vaio.

Mais au lieu de se préoccuper de sa production offensive, il me semble que Felipe pourrait aider davantage à la relance, car le passage par Bernier devient de plus en plus prévisible - le pressing du Sporting démontrant que le plan montréalais n'est pas à toute épreuve. Il est évident qu'il faudra trouver d'autres solutions pour mieux déclencher l'attaque montréalaise lorsque le Brossardois sera neutralisé. Or, le Brésilien a déjà joué ce rôle par le passé et son rendement personnel bénéficierait certainement de pouvoir toucher le ballon plus fréquemment. Du coup, l'Impact aurait de meilleures chances de reprendre le contrôle des matchs.

En dépit des résultats favorables, le bleu-blanc-noir a rarement dominé ses adversaires cette année. Lorsqu'elle n'arrive pas à avoir le dessus sur le plan de la possession, l'équipe de Schällibaum doit au moins dicter à quels endroits elle permet à son adversaire d'avoir le ballon. C'était le cas à Seattle et à Portland, où l'Impact absorbait la pression sans être pris à revers.

Mais à Kansas City, le Sporting s'est allègrement baladé, comme en font foi les 21 occasions créées.

En résumé, le onze montréalais s'est peut-être permis un changement de registre un peu trop hâtif après ses quatre victoires consécutives. Sur le plan mental, du moins, l'équipe n'affichait certainement pas la même combativité. L'édition 2013 de l'Impact montre de belles choses mais on peut se demander si elle est assez mature et si elle possède la profondeur nécessaire pour lutter avec les favoris de la ligue. On a deux semaines pour y penser. En attendant, mieux vaut bien défendre et s'assure de marquer en premier!