Trois matchs, trois victoires et la tête du classement de surcroît. J'ose croire que l'Impact n'en attendait pas tant en ce début de saison. Sauf que l'atmosphère dans le vestiaire n'est pas tellement à la fête à l'issue des matchs du onze montréalais.

D'une part, les joueurs savent que la saison est longue et qu'il n'est jamais sain de s'emballer. Mais il règne aussi le sentiment que l'équipe n'est pas encore en mesure de dominer ses adversaires à plate couture. L'Impact a beau compter sur de valeureux guerriers, on détecte une petite pointe d'amertume quand ils ne parviennent pas à battre Toronto en leur passant le K.-O. MLS, UFC ou GSP, le combat est pratiquement le même. Personne ne raffole d'une victoire par décision des juges.

En d'autres mots, on aimerait bien que le onze montréalais démontre plus d'assurance lorsqu'il s'empare d'une avance. Voilà tout un voeu pieux, car le sentiment d'urgence qui permet à l'équipe de si bien se défendre quand l'adversaire l'emmène dans les câbles prend la forme d'une tension paralysante lorsqu'il s'agit de préserver l'avantage. Si à Seattle et Portland, Montréal esquivait adroitement les attaques adverses pour contrer de façon surprenante, chez lui, l'Impact semble manquer de stature pour dicter l'allure d'une rencontre.

Certains réflexes sont durs à changer. Les mauvaises fins de matchs en 2012 ont sans doute entamé la confiance du bleu-blanc-noir à bien des égards. Il y a encore des moments de panique où l'Impact se contente de balancer le ballon en avant plutôt que de prendre un risque en jouant la possession. Bienvenue chez l'Impact où la peur de perdre est un motif récurrent des victoires acquises dans la douleur.

Bernier brillant

Heureusement pour Marco Schällibaum, le milieu de terrain montréalais est en bonnes mains avec Patrice Bernier en tant que pivot devant la défense. Déjà étincelant lors du voyage sur la côte Ouest, le Brossardois d'origine a été encore une fois brillant dans sa prestation contre Toronto.

Alors que le TFC appliquait une pression haute qui ennuyait la relance montréalaise, Bernier s'est avéré la solution la plus efficace pour extirper les siens de la menace ontarienne. À l'origine des deux actions de but montréalaises, le numéro 8 est un des rares à ne pas craindre la prise de risques. Pourtant loin d'être imprudent, Bernier est celui qui sait quand temporiser ou accélérer le jeu de l'équipe.

Grand vainqueur de chacun des duels qui l'opposaient à Terry Dunfield, des deux joueurs, il y a lieu de se demander si on a gardé le bon en équipe nationale - NDLR: Bernier n'a pas été appelé pour les matchs de la semaine prochaine.

L'Impact devra donc s'inspirer de la bonne séquence du héros local pour maintenir son erre d'aller. D'autant plus que l'on risque d'être privé d'Alessandro Nesta, sorti de façon prématurée, pour une durée indéterminée. Il faudra gérer la santé du défenseur italien, quitte à l'épargner à court terme si cela signifie qu'il reviendra en meilleur état pour la suite.

Il est clair que le moment serait bien choisi pour Nelson «Tyson» Rivas d'effectuer un retour. Cependant, la pénible période de réhabilitation du Colombien prend des allures d'odyssée. Dommage, car un supplément de force de frappe ne saurait nuire à l'Impact même si c'est d'abord en attaque que l'on aimerait avoir plus de punch. Dans son cas aussi, mieux vaut attendre que les astres soient alignés. Parlant d'étoiles, l'équipe qui s'amène en ville pourrait bien être privée de son étoile Thierry Henry. Il reste donc à voir si, en son absence, l'Impact pourra envoyer New York au tapis.