C'est presque un soulagement. En vertu de son match nul à Houston, l'Impact est officiellement éliminé d'une course aux séries dans laquelle le onze montréalais n'avait plus vraiment d'espoir légitime d'atteindre son objectif. Vous pouvez donc reprendre votre souffle, le suspense de série B créé par le calendrier déséquilibré de la MLS est terminé.

Contrairement à d'autres déplacements qui laissèrent un goût amer à ceux qui portent le Bleu-blanc-noir dans leur coeur, il n'y a pas eu de dénouement tragique au Texas. Malgré le pessimisme des prophètes de malheur, même Brian Ching ne sera pas parvenu à marquer - de façon réglementaire - pour donner la victoire au Dynamo. Dans les circonstances, le résultat n'avait rien de particulièrement triste, ni d'injuste.

Certes il s'en trouvait pour s'en prendre à Justin Mapp parce qu'il n'avait pas jugé propice de passer le ballon à Marco Di Vaio en fin de match. Or, la frustration suscitée par le manque de vision de l'Américain n'est pas bien différente de celle provoquée par l'Italien après son manque d'opportunisme lors de la défaite à Philadelphie. Comme quoi la mémoire est sélective. Ce qui ne veut pas dire que tous les joueurs de l'édition 2012 de l'Impact méritent de revenir l'an prochain. On aura le temps d'en reparler à tête reposée. Pour le moment, prenons le temps de décrocher.

Des fondations à remettre en question?

La trêve des matchs internationaux aidera sans doute à faire abstraction du spleen montréalais. Si l'unifolié parvient à se qualifier pour le prochain tour en Concacaf, c'est toute la communauté soccer qui retrouvera le sourire. Et s'il échoue, on trouvera sûrement un moyen de se consoler en pensant qu'après tout, notre club n'aura pas eu une si mauvaise saison. Un scénario gagnant-gagnant, preuve qu'il ne faut pas toujours blâmer le Canada! Mais prenons une perspective différente.

Vous souvenez-vous quand on disait que la conquête commençait? Ce qu'il y a de brillant dans la trouvaille marketing de l'Impact de Montréal en cette saison inaugurale de Ligue majeure, c'est qu'on ne dit pas combien de temps tout cela prendra. C'est bien connu, Rome ne s'est pas construite en un jour. Et même si construire, c'est différent de conquérir, je prends pour acquis que vous comprenez ce que je veux dire. La mise en place d'un empire, ça ne se fait pas en claquant des doigts. Une réalité qui peut être contrariante dans une civilisation habituée à l'instantanéité.

Paradoxalement, si la tribune semble accablée par une vague de pessimisme après chaque défaite du onze montréalais, c'est aussi parce que les attentes de la direction du club sont très élevées. À force de refuser de se considérer comme une équipe d'expansion, on s'inflige une pression d'obtenir rapidement des résultats au risque de sauter des étapes cruciales dans l'assemblage d'une équipe gagnante.

Ne pas être des séries, c'est décevant quand on passe si près. Mais il faut savoir voir plus loin que le mois de novembre 2012 pour assurer un avenir rose au club - et je ne fais pas allusion à la couleur du maillot ou des lacets.

À cet effet, la direction technique du club a de sérieuses questions à se poser au sujet d'une défense qu'on avait pensée plus solide que ses dernières performances à l'extérieur de la ville ne l'ont démontré. Au même titre que la santé de Rivas ou Nesta, l'ossature paraît tout à coup plus fragile.

Il y a des limites à ce que la réputation et l'expérience d'un joueur peuvent apporter à un club de MLS. Est-ce uniquement là-dessus que l'on s'appuie pour que la conquête se poursuive? Parce que si c'est fini pour cette année, en réalité, ça ne fait que commencer.