Chaque défaite comporte son lot de douleur. Celle qu'a subie l'Impact à Chicago est particulièrement assommante pour le club et ses partisans. Bien que cela puisse paraître étonnant, deux semaines après que le Crew de Columbus l'eut envoyé au tapis, le onze montréalais ne semblait pas avoir complètement recouvré ses facultés pour le match contre le Fire. Et un bleu-blanc-noir qui titube, c'est loin d'être idéal pour rivaliser avec une équipe qui a la réputation d'être parmi les plus rapides du circuit.

C'est le constat cinglant que l'on a pu tirer de l'échec dans la Ville des vents. La défense montréalaise a rapidement (!) montré ses limites physiques dans une rencontre beaucoup trop ouverte pour que son précieux bagage d'expérience puisse la secourir. L'envers de la médaille, si vous voulez.

Jesse Marsch avait pourtant mis le doigt dessus la semaine dernière. Il fallait absolument éviter d'allouer des espaces qui pourraient profiter à Nyarko, Rolfe ou MacDonald. Or, le terrain du Toyota Park avait des allures de piste de course, samedi soir. J'en déduis que certains n'apprennent que par essais et erreurs.

Dommage, car l'Impact avait (encore) réussi à prendre l'avance. Les Montréalais ont toutefois démontré à nouveau qu'ils ont de la difficulté à dicter le rythme de leurs matchs, particulièrement à l'étranger. On a beau dominer la possession du ballon pendant quelques séquences, l'équipe semble toujours vulnérable aux contre-attaques de l'adversaire. En somme, le pedigree des défenseurs montréalais ne suffit pas pour ralentir les attaquants des équipes rivales.

Bloc défensif poreux

La déception est d'autant plus grande que l'Impact avait réussi à conquérir le coeur de nombreux amateurs grâce à un mois d'août parfait. Du coup, le club haussait les attentes de ses fidèles, tout en attirant l'attention de ceux qui sont habituellement moins friands de ballon rond.

Mais l'euphorie des succès provoque souvent l'aveuglement. Pendant que l'on vantait sans retenue les prouesses d'Alessandro Nesta, Nelson Rivas et Matteo Ferrari en défense, on oubliait de remettre en contexte les victoires montréalaises, survenues majoritairement sur la pelouse du stade Saputo, devant des adversaires beaucoup plus timides. Ce n'est pas pour enlever du lustre à la série de victoires du club, mais il faut admettre que chez lui, le onze montréalais est moins souvent mis à l'épreuve par des rivaux ambitieux.

Par ailleurs, on se doutait que les qualités qu'apportent au collectif les vétérans de Serie A ressortiraient mieux quand l'équipe de Jesse Marsch forme un bloc compact. Bref, la défense est plus étanche quand Nesta offre une couverture à Ferrari, et vice-versa. Or, l'Impact a perdu l'avance dans ses deux derniers matchs alors qu'il s'efforçait de bétonner le devant du but de Troy Perkins.

Que la fraîcheur physique de la charnière centrale soit responsable ou non de ce bloc défensif soudainement poreux, on a maintenant la preuve que le onze montréalais ne peut s'offrir le luxe de s'asseoir sur ses lauriers.

À plus long terme, il faut également s'interroger sur la solidité des fondations sur lesquelles on tente de bâtir une franchise gagnante. N'en déplaise à la direction du club, la fin de match laborieuse contre le Fire est un signe que la défense est un autre secteur qu'il faudra renforcer pour avoir un rendement optimal en Ligue majeure. Une défaite douloureuse, certes, mais fort éducative pour l'état-major.

On peut toujours rêver que l'Impact acquerra un jour la maturité tactique pour repousser sans broncher les assauts des spécimens athlétiques de la MLS. C'était le souhait formulé par les joueurs italiens à leur arrivée dans un circuit qu'ils trouvent trop axé sur les qualités physiques. En attendant que ce songe ne se matérialise, une injection de sang neuf ne ferait pas de mal, question de masquer des ans l'irréparable outrage, comme dirait l'autre.