Pas facile de situer l'Impact à la suite de sa défaite douloureuse à Columbus. Ce résultat regrettable contre un rival direct dans la course aux séries éloigne nettement les Montréalais de leur objectif d'atteindre la phase éliminatoire. Il survient toutefois au terme d'une série de cinq victoires consécutives jamais vue auparavant chez une équipe d'expansion. Or, faut-il déplorer la mauvaise fin de match contre le Crew ou bien saluer l'exploit inédit des hommes de Jesse Marsch?

À l'heure actuelle, les chances réelles de succès du club montréalais sont une question de foi. Il est encore tôt pour l'heure du jugement. Entre-temps, l'Impact erre quelque part dans les limbes.

Les dernières minutes de la rencontre à Columbus ont certainement laissé un goût amer aux joueurs et aux partisans. Sans jouer de façon particulièrement brillante, l'Impact avait trouvé le moyen de prendre les devants sur une nouvelle percée électrisante de Sanna Nyassi concrétisée par Marco Di Vaio. Une action à contre-courant démontrant que l'artilleur italien a bel et bien retrouvé ses instincts de tueur devant la cage adverse.

Mais contrairement au périple précédent en Nouvelle-Angleterre, l'Impact n'est pas parvenu à se sauver avec les trois points. Tel un marathonien qui frappe le mur vers le trentième kilomètre, le Bleu-Blanc-Noir a manqué de ressources dans le dernier quart d'heure alors que le Crew haussait la cadence. Une débandade qui rappelle plusieurs défaites à l'étranger du début de saison. On croyait pourtant que ce genre de scénario était chose du passé avec Nesta, Rivas et Ferrari en défense.

Mais la réputation ne suffit pas toujours pour freiner l'attaque adverse. Encore faut-il empêcher les centres dangereux et faire un marquage serré sur les joueurs en position de faire des points.

Jesse Marsch déclarait après le match que son équipe aurait mérité mieux qu'une défaite. Mais il faut admettre que Columbus n'a pas volé le résultat final, même si l'Impact avait, l'espace de quelques minutes, la victoire en poche.

Le hold-up avorté en Ohio n'anéantit pas complètement les chances de qualification de l'Impact dans une section Est drôlement compétitive cette année. Il jette toutefois de l'ombre sur les performances étonnantes du onze montréalais en cette saison inaugurale. La direction du club a beau rejeter l'étiquette d'équipe d'expansion, il y a des satisfactions à tirer de l'année 2012 du club. Sans oublier que les défaites douloureuses servent souvent de fondation aux équipes championnes.

Pardonnez ce moment de nostalgie, mais après son championnat de 1994, l'Impact a subi un nombre incalculable de défaites à Rochester contre les méchants Rhinos avant de réussir à dompter la bête et à reconquérir le titre en 2004. C'était dans une autre vie - et une autre ligue.

Un mois d'août parfait

Soulignons que cette lutte pour la cinquième place ne serait pas survenue n'eût été d'un mois d'août au cours duquel l'Impact est demeuré invaincu. Jesse Marsch aura trouvé une recette gagnante en cette fin d'été après un printemps chaotique.

Revenant sur un tournant de la saison, l'entraîneur montréalais m'expliquait la semaine dernière que le passage à un milieu de terrain à trois avec Bernier, Warner et Felipe était survenu au Colorado alors qu'il avait titularisé l'attaquant Andrew Wenger pour une première fois à la place de Bernardo Corradi. Malgré une défaite évitable contre les Rapids ce soir-là, la performance étourdissante de Bernier allait convaincre Marsch que le 4-2-3-1 avec un attaquant mobile en pointe était le schéma tactique idéal pour tirer profit de son effectif.

On peut maintenant se demander quelles leçons tirera l'entraîneur du contrecoup subi à Columbus. Que Matteo Ferrari n'est pas très à l'aise dans le couloir? Que Davy Arnaud a toujours du chien, mais qu'il n'a plus la lucidité de ses belles années à Kansas City? Que le temps est venu d'aligner Wenger et Di Vaio ensemble dès le coup d'envoi?

Chose certaine, il a le temps d'y penser en attendant le prochain match, à Chicago. Et il convient qu'il y réfléchisse profondément, car non seulement les réponses à ses questions serviront aux derniers matchs de la saison, mais elles jetteront les bases de l'avenir du onze montréalais.