Il fallait bien que ce match exceptionnel se déroule à Old Trafford, dans le «Theater of Dreams», pour que le destin des Canadiennes connaisse une fin si tragique.

Certains souligneront les décisions controversées de l'arbitre pour expliquer la défaite. Je trouve que ce serait faire abstraction de la supériorité athlétique des Américaines sur la majorité des joueuses de notre équipe nationale.

Une différence notable qui leur aura encore une fois permis de s'imposer contre des Canadiennes pourtant mieux organisées tactiquement. Le jeu collectif des États-Unis est ordinaire, voire dépassé, mais la puissance de ses joueuses suffit encore pour faire pencher la balance en sa faveur.

Le résultat est cruel, certes. Mais qu'on le veuille ou non, aucune Canadienne ne court aussi vite qu'Alex Morgan ni ne saute aussi haut qu'Abby Wambach. Or, cela n'a pas empêché nos représentantes de leur tenir tête courageusement en unissant leurs efforts de brillante manière pendant presque toute la rencontre - un peu comme l'avaient fait les Japonaises en finale de la Coupe du monde il y a un an. Une performance à des années-lumière de celle que le Canada avait offerte lors des qualifications en janvier, perdant par quatre buts contre ces mêmes Américaines.

Vol? Injustice? Je n'achète pas. On peut déplorer le fait qu'on applique avec zèle la règle de six secondes dans un match avec un enjeu aussi important. Mais je retiens surtout qu'après avoir mené au tableau trois fois grâce aux exploits de l'admirable Christine Sinclair, le Canada regrettera de s'être contenté de subir chaque fois l'attaque soutenue de ses rivales.

Cette demi-finale est un match marquant pour le soccer canadien. Bien qu'elle ait des allures de cauchemar pour les joueuses, elle donne une visibilité inespérée à l'Association canadienne, qui doit prendre la balle au bond en vue de la Coupe du monde qui aura lieu au Canada en 2015. Après ce qu'elles ont accompli à Londres, ne pas accorder aux filles la place qu'elles méritent, voilà ce qui serait du vol!