«C'est dur d'être un génie.» Mon collègue de la télé, Jean Gounelle, n'aurait pas pu mieux décrire la scène à la suite du but spectaculaire de Mario Balotelli contre l'Irlande alors que l'attaquant italien célébrait son exploit avec une gueule d'enterrement, comme d'habitude.

Le pur-sang transalpin a le don d'ajouter une touche de drame aux péripéties de son existence, autant sur le terrain qu'en dehors. À titre d'exemple, il avait, en novembre dernier, causé un incendie dans sa résidence de Manchester en allumant un feu d'artifice dans sa salle de bains aux petites heures du matin. Tout ça à la veille d'un match crucial contre Manchester United.

Si Super Mario a aidé la cause de la Squadra Azzura à l'Euro comme remplaçant contre l'Eire, il continue toutefois de causer des maux de tête à son entraîneur Cesare Prandelli, qui doit encore se demander quel est le meilleur moyen de l'utiliser.

Plus que le dispositif tactique ou le bon dosage de la charge physique, la gestion des joueurs de talent et, dans bien des cas, de leur ego surdimensionné me paraît être le casse-tête le plus dur à résoudre pour les entraîneurs à l'Euro 2012.

Prenez les Pays-Bas, finalistes à la dernière Coupe du monde, qui sont rentrés après trois défaites décevantes, démontrant un manque évident d'harmonie au sein du groupe. Le pauvre sélectionneur Bert Van Marwijk a dû se cogner la tête sur les murs à force de voir Arjen Robben refuser de passer le ballon à ses partenaires libres et décocher un nombre incalculable de tirs... au-dessus du but. Assis sur le banc, Van Marwijk semblait résigné à épargner sa salive plutôt que de marteler un message à quelqu'un qui, de toute façon, n'en fait qu'à sa tête.

Pourtant, les joueurs de talent sont plus souvent qu'autrement ceux qui font la différence.

Que ce soit Zlatan Ibrahimovic avec la Suède ou Cristiano Ronaldo avec le Portugal, le sort de bien des pays repose sur l'humeur et le rendement de l'étoile nationale. Si la cote de Ronaldo est actuellement en hausse grâce à ses deux buts contre les Pays-Bas, il reçoit probablement autant de critiques que d'éloges depuis le début du tournoi en raison de l'égoïsme que trahit son langage corporel. Quand on produit...

Michel Therrien le disait lui-même lors de sa nomination derrière le banc du CH, ça prend des étalons pour gagner des championnats. Pour l'entraîneur ambitieux, il faut donc s'improviser dresseur pour dompter ses poulains indisciplinés qui possèdent néanmoins la capacité de faire basculer un match serré avec un éclair de génie. Mais que pourrait donc chuchoter Cesare à l'oreille de Mario pour que celui-ci décide de mettre tout son talent au profit du collectif de la Nazionale?

Des tuiles sur la tête de Marsch

Le onze montréalais a offert sa meilleure performance de la saison lors de l'ouverture du stade Saputo, samedi dernier. L'animation proposée par Jesse Marsch - le 4-2-3-1 - a permis à l'Impact de dominer le milieu de terrain et de l'emporter 4-1.

Mais le début de semaine est porteur de mauvaises nouvelles pour le club, qui devra se passer des vedettes italiennes qui ont largement contribué aux succès jusqu'ici cette saison. Si Matteo Ferrari devrait revenir autour du début du mois d'août, la blessure à Bernardo Corradi semble plus grave. Sa saison serait même terminée.

On serait tenté de croire que la malédiction s'abat sur l'état-major montréalais, qui rêvait sans doute au duo offensif que Corradi aurait formé avec Marco Di Vaio pour affronter les autres formations de la MLS. Cela dit, le malheur de Corradi simplifie en quelque sorte la tâche de Marsch pour composer son alignement. L'entraîneur américain pourra continuer à donner du temps de jeu à l'attaquant Andrew Wenger, son élève modèle, voire l'aligner avec le joueur désigné. Avec trois buts déjà cette saison, Wenger est en voie de combler les attentes que l'on avait envers lui. Et aucun feu d'artifice n'a explosé chez lui.