Ah, délicieuse ironie. Pendant que l'Impact casse la glace avec sa première victoire, au Centre Bell, on la laisse déjà fondre. Le cirque médiatique entourant la Sainte Flanelle n'est toutefois pas mûr pour des vacances. Plusieurs décisions lourdes de conséquences sont imminentes. Pas d'odeur de Coupe Stanley, mais ça risque de jaser hockey pendant une bonne partie de l'été.

Parlant de décisions importantes, l'entraîneur de l'Impact, Jesse Marsch, en a surpris plusieurs avec son alignement partant samedi, y compris les joueurs eux-mêmes. Contrairement à ses habitudes, il a attendu le matin même du match avant d'annoncer la composition de l'équipe. En s'accordant un plus long moment de réflexion, Marsch en a profité pour réévaluer sa stratégie de revenir à la charge avec les cadres qu'il avait laissés se reposer lors du match à Salt Lake City.

Tenant compte de l'élément fatigue (trois matchs en huit jours) et des attentes élevées de la direction et du public par rapport à un match que son équipe ne pouvait pas perdre, l'entraîneur montréalais a donc misé sur les éléments dont il avait tiré le plus de satisfaction en Utah. Ainsi, Lamar Neagle et Collen Warner ont débuté le match en milieu de terrain à la place de Justin Mapp et de Patrice Bernier. Décision surprenante, d'autant plus que ces derniers avaient été les meilleurs du groupe une semaine plus tôt à New York face aux Red Bulls.

Qu'à cela ne tienne, les choix de Marsch auront porté leurs fruits. Ce faisant, l'entraîneur montréalais a non seulement obtenu sa première victoire, il a du même coup relancé la compétition pour les places de titulaires au sein de son effectif.

Jongler avec l'effectif

On ne doute pas que Marsch passera la semaine qui vient à rappeler à ses joueurs qu'il reste encore beaucoup à améliorer chez les bleus-blancs-noirs. L'euphorie du week-end met parfois du temps à se dissiper, ce qui tend à diminuer l'ardeur au travail. Autre conséquence des rotations «Marschiennes» de samedi: l'entraîneur devra dorénavant vivre avec le précédent qu'il a créé vis-à-vis de ses hommes.

Étant donné qu'il a récompensé certains joueurs au détriment d'autres qui ont peu à se reprocher, il sera intéressant de voir de quelle manière il jonglera avec son alignement dans les matchs à venir. En faisant tourner son effectif, Marsch a assurément augmenté le niveau de motivation des joueurs qui n'avaient pas eu de temps de jeu jusqu'à maintenant. Il sème toutefois le doute dans l'esprit de ceux qui écopent.

Pour continuer à obtenir le meilleur rendement de chacun, il faudra agir avec délicatesse pour ne pas miner la confiance de ceux qui verront une injustice dans les décisions techniques. Marsch a aussi un boulot devant lui s'il veut convaincre ses réservistes de ne pas espérer égoïstement que les choses aillent mal pour (re) prendre une place de partant.

Le défi du remplaçant

Il a beau rappeler que la saison est longue et que tous auront un rôle à jouer, les joueurs vivent dans le moment présent. Quand on ne joue qu'un match par semaine, les perspectives à long terme sont un piètre réconfort. Parfois, elles deviennent même une source de distraction potentiellement nuisible aux performances.

Le défi lorsqu'on est remplaçant, c'est de s'accrocher à ce qu'on peut pour garder une mentalité positive. Par exemple, les bons mots de l'entraîneur lors d'un exercice ou la perspective d'obtenir une occasion dans le cadre des rotations de personnel. Mais le jour où la carotte qui pend au bout du bâton disparaît, ça peut rapidement tourner au vinaigre.

La clé du succès réside essentiellement dans la victoire. Tant que l'Impact trouvera le moyen de gagner, les décisions de l'entraîneur n'auront pas à être justifiées. Quand la chimie opère sur le terrain, elle a aussi tendance à amoindrir les états d'âme du vestiaire, sans parler de ceux du public.