La conquête commence. Ainsi va le slogan choisi par l'Impact à sa première saison en Ligue majeure. Qu'à cela ne tienne, la quête du joueur désigné est, elle, déjà entamée depuis belle lurette.

Cependant, les efforts mis de l'avant par la direction du club et son président Joey Saputo pour faire en sorte que «les conditions soient bonnes» à la venue d'un tel joueur ne semblent pas séduire les premiers candidats retenus pour occuper le créneau tant convoité.

Bien qu'on puisse être déçu de s'être fait snober par Nicolas Anelka et Alessandro Del Piero, il n'est pas improbable que l'effectif montréalais en sorte gagnant sur le terrain, là où ça compte réellement. On a tendance à oublier que l'Impact, avec son nouveau logo, son nouvel uniforme, son nouveau stade et son hypothétique joueur désigné de premier plan, ce nouvel Impact, donc, aura aussi à tenir éventuellement ses promesses sur la pelouse.

Le fameux joueur désigné n'est pas une solution en soi, il fait seulement partie, ou pas, de l'équation. Malgré tout son talent et les buts spectaculaires qu'il arrive encore à marquer occasionnellement, vous me permettrez de douter jusqu'à quel point un joueur vieillissant comme Del Piero (37 ans) aurait dominé le circuit Garber, bien que sa présence, à elle seule, ait assurément rempli les gradins - ce qui aurait sans doute fait l'affaire de l'équipe marketing de l'Impact.

Oublier le glamour?

En écoutant le président Saputo remettre les pendules à l'heure au sujet des rumeurs d'offres mirobolantes à Del Piero, on réalise surtout qu'il sera difficile de rivaliser avec New York ou Los Angeles pour attirer des joueurs qui rêvent à une vie de pacha en Amérique. Et comme Montréal est toujours, contre vent et marée, beaucoup plus «hockey» que «soccer», il faut se rendre à l'évidence que les joueurs dont la population a déjà entendu parler ont bien peu de chances d'atterrir au Québec.

Ça pince peut-être le coeur, mais le fait de revoir ses attentes à la baisse ne peut que jouer en faveur du club. Rien n'empêche l'Impact de mettre la main sur un joueur désigné moins connu qui contribuerait de façon plus concrète sur le terrain. Même si les revenus dérivés et l'attention médiatique ne seraient pas comparables à ceux générés par un Del Piero ou un Michael Ballack, il s'agirait d'un choix logique à cette étape fondatrice pour une organisation visant le succès à long terme.

De rumeur en rumeur, il devient difficile de ne pas se mettre à rêver et d'oublier le plan d'action établi par le secteur technique. En éliminant la piste Del Piero, on a dissipé une partie du glamour se rattachant à cette chasse aux vedettes. Consolons-nous en pensant qu'on y gagne en lucidité.

La conciliation des besoins marketing et technique du club n'est pas une mince affaire. Aussi serait-il souhaitable qu'on établisse clairement la priorité de l'équipe en cette saison inaugurale. Si l'équipe a du succès sur le terrain, je serais extrêmement surpris que le public ne soit pas de la partie. À l'inverse, Montréal n'est pas réputée comme étant fidèle aux formations qui ne gagnent pas. Je serais prêt à mettre ma main au feu que ce serait aussi le cas même avec toute l'équipe étoile de la Coupe du monde 2002 dans l'uniforme bleu-blanc-noir.