Cela devient une habitude. Encore une fois, c'est loin du terrain qu'on dirige notre attention pour transmettre la nouvelle de la semaine. Les dirigeants de l'Impact ont monté un bel exercice de relations publiques pour expliquer les subtilités du cheminement par lequel passera le club avant son entrée en MLS. La rencontre avait aussi pour but d'informer les amateurs que la situation est maîtrisée. Malgré la dérive actuelle, l'Impact veut redevenir compétitif dès l'an prochain. Nous voilà donc rassurés.

Avant cette annonce incontournable, j'avais eu l'idée d'écrire une chronique sur la faillite d'il y a 10 ans, lorsque l'Impact appartenait au Groupe Ionian. Une erreur de parcours dans l'histoire du club, bien que cette catastrophe avait ouvert la porte à de nombreux jeunes joueurs locaux pour percer la formation montréalaise... Mais ce texte empreint de nostalgie devra attendre.

On a maintenant l'heure juste quant aux divers repêchages permettant d'étoffer l'effectif de joueurs de «calibre» MLS. Bref, l'Impact aura toujours le privilège de choisir en premier. C'est donc une situation avantageuse, mais qui exerce une certaine pression, car l'occasion ne se présentera pas deux fois.

En cas de contre-performance, impossible de se complaire en affirmant qu'on aura pris le meilleur joueur encore disponible au moment de la sélection. Autant dire que les premiers choix au repêchage - pour l'expansion et le «Super Draft» - devront répondre aux attentes pour bien faire paraître ceux qui les auront choisis.

Engagement du secteur technique

La priorité est donc toujours d'embaucher un entraîneur avec lequel la direction technique s'engage à arrimer sa vision du club sur le terrain. Difficile de ne pas penser qu'on fait du surplace en attendant. On a beau mettre l'eau à la bouche des partisans en clamant des liens avec de grands clubs et des discussions avec des agents très importants, il reste qu'on n'aura rien à se mettre sous la dent tant que cette étape fondamentale ne sera pas franchie.

Le défi qui attend l'Impact n'est pas seulement de trouver son entraîneur, c'est surtout de lui accorder le temps et la confiance nécessaires pour que son travail montre des résultats positifs. Les saisons difficiles que traversent le Toronto FC ou les Whitecaps de Vancouver, nous indiquent que les efforts de (re) construction d'un club donnent souvent des résultats mitigés, ce qui éprouve la patience des dirigeants et des amateurs.

Sans prédire un avenir sombre au onze montréalais, je pense qu'il est plus prudent de prévoir une longue courbe d'apprentissage. Comme cette année, l'équipe pourrait perdre plus de matchs qu'elle n'en gagnera l'an prochain. L'objectif sera donc de transformer ces défaites en blocs sur lesquels on pourra construire une mentalité gagnante. Il faut absolument remplacer le milieu volatile dans lequel évolue présentement l'équipe par un environnement plus stable favorisant le progrès à court, moyen et long terme.

La mise sur pied d'un groupe qui aspire au championnat nécessite au moins quelques années de travail ininterrompu. À titre d'exemple - encore la nostalgie qui refait surface! -, entre la faillite de 2001 et le championnat de 2004, il aura fallu trois saisons pour former le caractère des nouveaux joueurs composant le noyau du club.

On parle d'amener 3 ou 4 joueurs qui «font la différence» pour améliorer la qualité du groupe. On remarquera toutefois que les équipes championnes en MLS sont rarement menées par les joueurs désignés sinon par des entraîneurs, qui ont su tirer le meilleur de l'ensemble des joueurs de l'équipe. Colorado, Dallas ou Real Salt Lake, bien qu'il faille être féru en soccer nord-américain pour pouvoir nommer les vedettes de ces équipes, constituent néanmoins des modèles à suivre pour l'organisation montréalaise.

Les priorités sont donc établies. Pour atteindre ses objectifs, il ne reste à l'état-major de l'Impact qu'à apprendre à maîtriser sa propension à agir de façon impulsive.