Joseph Blatter, 75 ans, seul candidat à sa succession, a été réélu mercredi à Zurich pour un quatrième et dernier mandat de quatre ans à la présidence de la Fifa, par 186 voix sur 203 suffrages exprimés.

La journée de mercredi s'est déroulée sans accroc pour Blatter, alors que l'instance du football mondial est au coeur d'une tempête incroyable depuis une semaine, cernée par les accusations de corruption et minée par des enquêtes internes.

L'Angleterre demandait le report de l'élection. Cette proposition a été balayée par 172 votes électroniques contre 17 dans la matinée par les membres du congrès de la Fifa.

David Bernstein, président de la Fédération anglaise, avait pourtant renouvelé sa critique et sa proposition de report sur l'estrade du congrès mercredi matin: «un couronnement sans opposant, c'est comme un mandat frauduleux, je demande le report».

Mais il fut le seul président de Fédération à prendre la parole pour demander cela. Cinq autres présidents de fédérations (Haïti, RD Congo, Bénin, Chypre, Fidji) l'ont contredit et ont été applaudis, alors que Bernstein ne l'avait pas été. Puis Julio Grondona, président de la Fédération argentine, s'est livré plus tard à un réquisitoire sévère contre les Anglais, humiliés. Et Angel Maria Villar Llona, président de la Fédération d'Espagne en a remis une couche.

Blatter, après ce premier plébiscite, a déclaré: «nous avons reçu des coups, moi des gifles, nous allons tirer les leçons de ces erreurs. Je suis prêt à assumer la vindicte populaire pour servir le football, je suis le capitaine, dans une période difficile de la Fifa».

Et d'enchaîner, quelques heures avant sa réélection, sur ses futures propositions.

«D'ou vient tout ce mal qui est fait à la Fifa ? C'est la popularité de notre compétition phare, la Coupe du monde, cette attribution du 2 décembre (les Mondiaux 2018 à la Russie et 2022 au Qatar), a déclenché une vague d'accusations, de suggestions, de critiques», a confié Blatter.

«Est-il juste que l'attribution de la Coupe du monde revienne au comité exécutif (sorte de gouvernement de 24 membres) de la Fifa ? Je veux, dans le futur, que l'organisation de la Coupe monde soit décidée par le Congrès (les 208 membres) de la Fifa. Le comité exécutif fera des recommandations, une short-list, et le congrès décidera», a-t-il avancé.

L'attribution du Mondial-2022 au Qatar empoisonne actuellement la Fifa. Pas plus tard que ce mercredi matin, le président de la Fédération allemande de football (DFB) Theo Zwanziger s'est prononcé pour un réexamen de la procédure d'attribution de cet évènement, en raison de soupçon de corruption.

Mohammed Bin Hammam, Qatari de 62 ans, était le seul adversaire de Blatter. Mais il a annoncé le retrait de sa candidature dans la nuit de samedi à dimanche, avant son audition dimanche après-midi par le comité d'éthique. Cette instance lui a infligé une suspension le temps de l'enquête dans une affaire de fraude électorale présumée liée au scrutin de la Fifa.

N'ayant pas pu faire appel de sa sanction --qui n'aurait de toute façon pas été suspensif-- avant le début du congrès électif mercredi matin, Bin Hammam n'a pu que protester dans un courrier officiel envoyé la Fifa, se réservant le droit de saisir la justice de la Fédération internationale de football «et au delà».