La dernière expérience professionnelle de Jürgen Klinsmann en 2008-2009 n'est pas celle que le nouveau consultant du Toronto FC met de l'avant dans son C.V. Avec la mise en place de cours de yoga et l'installation de statues de Bouddha au centre d'entraînement, ses méthodes tranchaient avec le traditionalisme du Bayern Munich.

Congédié au bout de neuf mois, l'ex avant-centre allemand est rapidement retourné en Californie où il réside principalement depuis la fin de sa carrière en 1998. Loin de profiter seulement des plages et du soleil de Los Angeles, il occupe depuis le poste de vice-président de SoccerSolutions, une société qui conseille des clubs ou encore des médias.

Avant d'être embauché par le Toronto FC la semaine dernière, Klinsmann a déjà mis son expertise au service du Galaxy de Los Angeles en 2004. Son mandat avait alors touché des aspects aussi variés que le recrutement, les méthodes d'entraînement ou l'environnement général du club. C'est d'ailleurs lui qui a insisté pour que les tribunes du stade de la formation californienne soient recouvertes.

À la surprise générale, Klinsmann a quitté son cocon afin de partager son temps entre la Californie et l'Allemagne. Après un Euro 2004 catastrophique, il a été choisi pour guider son pays vers la Coupe du monde disputée deux ans plus tard sur le sol allemand.

En raison d'un management fortement inspiré des techniques nord-américaines, l'ancien joueur du VfB Stuttgart et du Bayern a été accueilli avec une grande dose de scepticisme. D'autant plus que ses principes de jeu rompaient avec ceux des sélectionneurs précédents.

Si l'Allemagne a toujours été reconnue davantage pour son efficacité que pour son sens du spectacle, Klinsmann - avec son adjoint et tacticien Joachim Löw - a opté pour un style offensif. Un choix payant puisque l'Allemagne a terminé troisième de son Mondial avec surtout les prémices d'une équipe qui régale la planète soccer depuis. Sans Klinsmann, par contre, qui a plutôt choisi de céder sa place à Löw et de se concentrer de nouveau sur son rôle de consultant.

Et le métier d'entraîneur? Avant et après sa parenthèse munichoise, son nom a été fréquemment cité aussi bien en Europe (Liverpool, Tottenham) qu'en MLS (Chivas USA, Galaxy). Il a également flirté à plusieurs reprises avec le poste de sélectionneur des États-Unis. Une entente verbale a même été conclue en juillet 2010 avant que les deux parties ne se rétractent.

Klinsmann face au cynisme

C'est donc avec ce parcours de joueur-entraîneur-consultant qui s'étire sur trois décennies que Klinsmann va être présenté à la presse torontoise cette semaine. Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'Allemand s'attaque à un autre défi de taille.

Il va devoir mettre sur les bons rails un club qui n'a jamais participé aux séries lors de ses quatre premières saisons. Un club à l'instabilité chronique qui a déjà vu cinq entraîneurs défiler depuis son coup d'envoi inaugural au printemps 2007.

Et même si le public a toujours été fidèle, il a clairement fait part de son mécontentement cette saison à l'encontre de la gestion de Maple Leaf Sports&Entertainment Ltd. L'une des récriminations a été l'absence de projet sportif au détriment de la volonté de dégager des profits coûte que coûte. Ainsi, MLSE avait annoncé une importante hausse du coût des billets pour la prochaine saison avant de faire marche arrière.

Dans les circonstances et devant ce cynisme populaire, l'arrivée d'un personnage aussi expérimenté a été favorablement accueillie par les partisans. Dans un premier temps, il va devoir choisir un directeur général pour remplacer Mo Johnston, congédié en septembre. Il s'attaquera ensuite à des problèmes plus structurels concernant le dépistage, l'Académie ou l'équipe réserve qui devrait renaître de ses cendres, en même temps que celle des 17 autres clubs.

Mais la meilleure nouvelle pour le TFC est que Klinsmann suggérera lui-même l'identité du club sur le terrain. Si l'on se fie à ses expériences précédentes, il y a fort à parier que l'Allemand fera le choix de l'attaque.