Star en Amérique du Nord mais inconnu en Europe, Jozy Altidore, le jeune buteur des États-Unis (19 ans), va gagner en notoriété grâce à son but de renard contre l'Espagne (2-0) en demi-finales de la Coupe des Confédérations.

Altidore ne se lasse pas de raconter l'ouverture du score contre les champions d'Europe, après une rusée feinte de corps: «C'est un bon tour joué à un ami !» dit-il à l'AFP, sourire large et yeux illuminés. «J'hérite d'un ballon de Clint (Dempsey), je place mon corps entre (Joan) Capdevila et le ballon et après, il faut conclure ! Connaître Capdevila, ça m'a aidé un peu, bien sûr, je savais comment faire.»

Arrivé à Villarreal en 2008, Altidore a eu le temps de jauger le défenseur espagnol, qui porte les couleurs du Sous-Marin Jaune, lors de la préparation des matches. Mais justement il n'a guère joué ailleurs que sur les terrains d'entraînement, seulement huit matches en une saison et demie, et un seul but.

Un but marqué contre Bilbao dix secondes après son entrée en jeu ! Ce record, plus l'étiquette du transfert le plus cher (8 millions d'euros pour les Red Bulls de  New-York) hors MLS ont mis beaucoup de pression sur les épaules d'Altidore, qui n'a pas confirmé.

Prêté à Jerez (D2 espagnole) en janvier, il ne joue pas beaucoup non plus, mais n'a jamais baissé les bras. L'équipe nationale l'a tenu à flots.

«Une star ? Pourquoi pas !»

Son grand moment, avant le but contre l'Espagne, était un triplé contre Trinité-et-Tobago (3-0) le 1er avril, en qualifications pour le Mondial-2010, sur trois passes de Landon Donovan, le meilleur joueur américain.

«On attendait beaucoup de moi en Espagne, mais ce n'est pas si simple. Je n'allais pas marquer 30 buts dès ma première saison, le jeu en Liga est beaucoup plus technique... Maintenant, j'ai plus confiance, j'ai progressé».

Il pourrait maintenant rejoindre son coéquipier en équipe nationale Clint Dempsey à Fulham (ENG), très intéressé.

Quatrième et dernier enfant de Joseph et Giselle, émigrés d'Haïti vers les États-Unis, Altidore est fier d'avoir contribué à l'un des plus grands succès du soccer américain.

«Honnêtement je ne pensais pas qu'on réussirait un tel coup ! dit-il. Nous gagnons le respect. Nos adversaires y regarderont à deux fois maintenant !»

«Bon, ce résultat nous met la pression, aussi, il nous faut essayer de faire mieux que les quarts de finale du Mondial (comme en 2002)».

L'Espagne a eu beaucoup d'occasion d'égaliser avant de craquer ? «Je pense que nous méritons la victoire, nous avons travaillé dur tout le tournoi, les gens ont vite oublié que nous avons joué les deux premiers matches (perdus, ndlr) à dix (carton rouge pour Clarke à la 33e minute contre l'Italie et Kljestan à la 57e contre le Brésil), c'était dur, cette fois nous avons presque tenu à onze jusqu'à la fin (Michael Bradley a été exclu) !»

Maintenant vient la finale, la première d'un grand tournoi pour les États-Unis. Altidore, déjà prophète en son pays (il fait la couverture de la version nord-américaine du jeu vidéo Fifa08), veut conquérir la planète. «Hey ! C'est le rêve de tous les enfants, être une star dans le monde entier, alors pourquoi pas ?»