Après l'excitation suscitée dans le monde entier par la nomination de Diego Maradona à la tête de l'équipe d'Argentine, les premiers doutes sur la capacité d'«El pibe de oro» à entraîner ont commencé à poindre dans la presse internationale.

Le quotidien sportif mexicain Record écrit ainsi que l'ancien joueur «réalise son rêve» tout en soulignant son inexpérience en tant que technicien.

La presse sud-américaine a dressé le bilan de ses passages sur les modestes bancs des clubs argentins de Mandiyu (oct.-déc. 1994/12 matches, 1 victoire, 6 défaites, 5 nuls) et du Racing Club de Avellaneda (mai-sept. 1995/11 matches, 2 victoires, 3 défaites, 6 nuls). Et Record rappelle «qu'il n'existe aucune garantie» pour qu'un grand joueur devienne un grand technicien.

L'intéressé n'a pas tardé à réagir à la télévision argentine: «Ceux qui parlent de mon inexpérience me font bien rire. J'ai passé presque 20 ans en sélection. Le football n'a pas changé. L'eau chaude a déjà été inventée. Je crois qu'aucun autre entraîneur ne me surprendra avec quoi que ce soit», a-t-il affirmé.

«Il doit démontrer»

Mais le doute est là. «Diego mérite d'être sélectionneur, mais pour l'instant, il doit démontrer qu'il peut l'être», a résumé à la télévision argentine Carlos Bilardo, qui accompagnera Maradona dans l'encadrement technique.

«Nous irons en Europe pour voir les joueurs et nous ferons les entraînements conjointement, mais c'est Diego qui choisira le 11», a cependant martelé son futur adjoint.

Bilardo, ancien sélectionneur (1983-1990) sous les ordres duquel Maradona avait été sacré champion du monde en 1986, constitue d'ailleurs son principal atout technique aux yeux de la presse espagnole. «Conscient de son expérience fragile en tant que technicien, il a décidé de s'entourer de l'un des entraîneurs les plus couronnés du football argentin», souligne le quotidien sportif As.

En revanche, un autre quotidien espagnol, El Periodico, affirme que «le poids du mythe dépasse celui de l'expérience».

Du côté de Naples, où il est resté une idole depuis qu'il a porté ce maillot dans les années 1980, Maradona a reçu le soutien de son ancien président Corrado Ferlaino, qui a lancé sur la Rai: «Quand il était à Naples, il faisait l'entraîneur sur le terrain. Il y avait (Ottavio) Bianchi comme entraîneur, mais, à partir de la deuxième année les joueurs ne parlaient plus avec Bianchi, et Maradona se chargeait de faire l'entraîneur.»

Messi: «Pas de rancoeur»

«El Diez» devrait débuter officiellement contre la France en amical le 11 février à Marseille, tandis que l'intérim doit être confié à Sergio Batista, entraîneur des Espoirs, pour le prochain match de l'Albiceleste en Ecosse en amical le 19 novembre. Mais à Glasgow, les médias argentins pensent déjà que l'idole pourrait se rapprocher du banc.

Ses détracteurs seront en tout cas ses premiers adversaires. Les médias brésiliens, dubitatifs, ont déjà commandé des sondages, pour savoir si, avec lui, le jeu des Argentins pourrait s'améliorer: Sur 1445 personnes interrogées, 971 (67,2%) ont répondu «non, car cela ne suffit pas d'être une idole et d'avoir quelques stars dans son effectif».

Dans les rangs des joueurs, l'humeur est à l'optimisme. Même chez Lionel Messi, décrié dans le passé par l'idole: «Il se sent tellement supérieur qu'il oublie ses compagnons de jeu. S'il jouait plus avec Agüero (beau-fils de Maradona, ndlr) ou Riquelme, il ferait d'avantage douter».

«Ce sont des choses qui se disent sur le moment, s'est rassuré +Leo+. Je sais que Diego m'apprécie et ne me porte pas de rancoeur».

Pour Fernando Cavenaghi, «Maradona est le meilleur joueur du monde, il mérite sa chance».