Le Ballon d'Or du Mondial 2014, récompensant le meilleur joueur du tournoi, attribué dimanche à Lionel Messi, a soulevé une vague de contestations dans le monde du soccer, d'aucuns comme Diego Maradona fustigeant un coup de «marketing» orchestré par Adidas, partenaire du trophée.

«Messi? Je lui donnerais le ciel si je le pouvais. Mais ce n'est pas juste, lorsque quelqu'un remporte un prix qu'il n'aurait pas dû gagner, simplement à cause d'un plan marketing», a déploré Maradona à la télévision argentine au lendemain de la finale de la Coupe du monde perdue par l'Albiceleste contre l'Allemagne (1-0 a.p.).

À travers ces propos, le «Pibe de Oro», champion du monde en 1986 et que Messi n'a pu rejoindre dans la légende des joueurs sacrés, a pointé du doigt le rôle présumé de l'équipementier allemand Adidas dont le nom est accolé au trophée de Ballon d'Or du Mondial.

Car les quatre dernières éditions ont consacré quatre joueurs sous contrat avec la marque aux trois bandes: Oliver Kahn (2002), Zinédine Zidane (2006), Diego Forlan (2010) et Messi (2014).

Dans les faits, c'est le Groupe d'étude technique (TSG) de la FIFA pour la Coupe du Monde, composé de 13 membres parmi lesquels d'anciens joueurs ou entraîneurs (dont Gérard Houllier), qui a décerné le prix.

Pourtant, dans le règlement FIFA du Mondial 2014, le chapitre 46, alinéa 11 c, stipule que «le Ballon d'Or sera décerné au meilleur joueur de la compétition finale sur la base du vote des journalistes accrédités pour l'événement et des supporteurs. Un Ballon d'Argent et un Ballon de Bronze seront également remis au deuxième et au troisième meilleurs joueurs». En l'occurrence l'Allemand Thomas Müller et le Néerlandais Arjen Robben.

La FIFA, interrogée par l'AFP sur ce changement des conditions d'attribution des Ballons d'Or, d'Argent et de Bronze du Mondial, a expliqué avoir souhaité aligner les modes de vote de ce prix sur ceux du Gant d'Or et du Meilleur jeune joueur du Mondial déjà décernés par le TSG.

Messi embarrassé

Le président de la Fédération internationale Joseph Blatter lui-même n'avait pas feint son étonnement après la désignation de Messi. «Je dois être diplomate ou vous dire la vérité? J'ai été moi-même surpris de voir Messi désigné meilleur joueur», avait-il affirmé, nuançant quelque peu son propos par la suite: «mais si vous regardez bien le début du tournoi, il a été décisif et l'Argentine est arrivée en finale grâce à ses buts».

De fait, le numéro 10 argentin a marqué quatre buts, tous en phase de groupes, et donné une passe décisive pour le but d'Angel Di Maria en prolongation contre la Suisse en huitièmes de finale (1-0). Ensuite, son manque d'impact a été manifeste en quarts contre la Belgique (1-0), en demi-finale contre les Pays-Bas (4-2 t.a.b., 0-0 a.p.) et surtout en finale où il a manqué une franche occasion de but.

En accréditant la théorie de Maradona, d'autres joueurs commandités par Adidas, et pas des moindres, auraient pu être honorés à la place de Messi. En premier lieu Müller, finalement récompensé du Ballon d'Argent, ou un autre champion du monde comme Manuel Neuer, voire le Colombien James Rodriguez, brillant jusqu'en quarts de finale.

Or, il se trouve que Neuer s'est vu décerner le Gant d'Or du meilleur gardien du tournoi et que James a reçu le Soulier d'Or pour ses six buts, meilleur total de la compétition.

Il apparaît que Messi s'est surtout vu attribuer un lot de consolation avec ce Ballon d'Or du Mondial. Un trophée individuel qu'il a été gêné de recevoir, peut-être conscient de ne pas avoir été le meilleur joueur du tournoi. Surtout juste après l'échec en finale de sa quête du seul titre  manquant à son immense palmarès. «La vérité, c'est que cela ne m'intéresse pas, à ce moment précis», a-t-il dit.

Au final, cette distinction, aussi embarrassante pour celui qui l'a reçue que pour l'instance qui l'a attribuée, pourrait conduire la FIFA à revoir à l'avenir ses conditions d'attribution, ne serait-ce que pour plus de transparence.