Rio se préparait jeudi sous une pluie battante à recevoir une marée de 100 000 supporteurs argentins pour la finale du Mondial dimanche au Maracanã, où la sécurité sera renforcée quand l'Albiceleste de Messi affrontera l'Allemagne.

Les supporteurs argentins sont les plus nombreux depuis le début de la compétition et, même sans billets d'entrée dans les stades, ils ont suivi leur équipe dans tout le pays.

Dans le centre de Rio, la place du Terreirão do Samba, qui pendant le carnaval abrite des concerts, et peut accueillir 140 véhicules, affiche déjà complet. C'est gratuit et les supporteurs bénéficient de douches et toilettes. La mairie l'avait ouvert le 20 juin pour canaliser la surpopulation de Copacabana.

Jeudi matin, la municipalité a dû ouvrir le Sambodrome où ont lieu les sensuels et trépidants défilés de carnaval, situé à proximité, en prévision de l'arrivée des dizaines de milliers de supporteurs qui commencent à arriver de Sao Paulo après la victoire de leur équipe sur les Pays-Bas en demi-finale, un voyage d'au moins six heures en voiture.

Le climat est festif dans le Terreirão où se côtoient des centaines de tentes et véhicules.

Un groupe de jeunes chante à tue-tête, en sautant, le refrain de provocation aux Brésiliens «Brésil dis-moi comment tu te sens! Maradona est plus grand que Pelé!»

«On a décidé avec un ami de quitter Santa Fé mercredi à deux heures de l'après-midi. À cinq heures du matin on faisait du pouce pour venir au Brésil. On voulait vraiment vivre cette aventure», déclare à l'AFP Alan Risso, un gardien de prison de 22 ans.

«Samedi, on a vu le match Argentine-Belgique dans un camion mais hier (mercredi) on était à la "Fan fest" à Copacabana pour le match contre la Hollande», ajoute ce jeune qui dort à la belle étoile et à-même le sol.

Sans espoir de pouvoir trouver un billet pour la finale, dimanche il essaiera quand même comme beaucoup d'autres de se rapprocher du mythique Maracanã: «On verra bien si on peut voir le match dans les environs» du stade, dit-il.

Sécurité renforcée

Les provocations entre supporteurs brésiliens et argentins, qui se disputent depuis des décennies la suprématie du soccer sud-américain, sont inévitables.

Le ministère de la Justice a donc prévu de doubler les effectifs d'élite de la Force Nationale (à 1000), afin de contrôler toute dérive possible.

La Police Militaire devrait placer 2500 agents dans les rues de la ville. La sécurité du stade du Maracanã, qui compte déjà 3100 policiers à l'extérieur, devrait également être renforcée pour la finale, selon le site G1 de Globo.

Elle avait déjà été renforcée à la mi-juin, après que des supporteurs argentins et chiliens avaient tenté d'entrer en force dans le stade. À l'intérieur, les effectifs privés étaient de 1037 hommes lors du dernier match, selon la police.

Le secrétariat au Tourisme a déclaré à l'AFP qu'il déploierait «le tapis rouge» pour recevoir les 100 000 «hermanos», les «frères», comme les Brésiliens appellent leurs voisins.

Toutefois, depuis le début du Mondial, les autorités brésiliennes sont très fermes avec les «barras bravas», les bandes organisées de hooligans argentins. Plus de 50 de ces supporteurs violents ont été refoulés à la frontière ou dans les stades.

Mais au Terreirão do samba, tout est calme et les supporteurs ne pensent qu'à remporter la Coupe.

«Si on gagne, j'ai promis à mes trois copains que je leur paierais l'hôtel avec les plus belles filles de Rio, avec la carte de crédit de ma mère!», fanfaronne Franco Mulle, 22 ans, qui est arrivé samedi de Tucuman après deux jours et demi de voyage dans une petite voiture. Deux dorment dans la voiture et les deux autres sous une tente.

José Lameiro, un vendeur qui est venu sur le pouce avec son fils Lisandro, de six ans, de General Rodriguez, dit qu'au Terreirão c'est «plus sûr qu'à Copacabana où ils étaient sur la plage dans leur tente et à la merci des pickpockets».

Tous sont unanimes pour dire qu'ils ont été très bien reçus par les Brésiliens.

Seul regret: «On sait que la plupart va supporter l'Allemagne même si elle les a massacrés (7-1). On aurait voulu qu'ils nous supportent. C'est important que cette Coupe reste en Amérique du sud», confiait Gisela Tristan, 26 ans, de Puerto Madrin.