Quatre heures avant le coup d'envoi, ils étaient déjà là, près de l'entrée nord de l'estádio Mineirão à danser, à chanter et à lever les mains dans les airs.

Eux, ce sont les partisans de la Seleção, qui ont transformé l'avenue Antônio Abrahão Caram en véritable marée jaune et verte tandis que les joueurs étaient encore à leur hôtel. Sous d'appétissants effluves de churrascarias, ils étaient munis des symboles habituels: maillots, drapeau sur le dos et perruques à faire pâlir d'envie David Luiz. Les chants se succédaient à un rythme d'enfer, que ce soit à la gloire du Brésil ou pour écorcher Diego Maradona.

Neymar n'a évidemment pas été oublié. Outre des «ole, ole, ole, ole, Neymar, Neymar!», plusieurs partisans avaient confectionné des banderoles ou des masques à l'effigie de celui qui s'est mué en simple spectateur depuis sa blessure au dos. Le pessimisme post-Neymar ne se faisait plus autant sentir que samedi dernier. Aucun des partisans rencontrés n'osait, en fait, parier contre l'équipe de Luiz Felipe Scolari...

Les fans allemands ont également eu droit à quelques plaisanteries, même si le ton n'a pas dépassé celui de la chamaillerie ou des chansons moqueuses. Au contraire, après quelques discussions sur le match, les deux camps se quittaient avec une petite photo.

Arrivée de l'autobus

Les portes du stade se sont ouvertes trois heures exactement avant l'heure du match, programmée à 17h.

Une partie de la foule s'est immédiatement engouffrée dans l'enceinte de 58 000 personnes alors que le reste poursuivait les festivités dans la rue. D'autant que l'arrivée des autocars des équipes est toujours un moment prisé par les partisans qui essaient d'entrevoir leurs héros ou de prendre un cliché. Celui du Brésil est arrivé vers 15h25 en empruntant des voies sécurisées.

L'escorte est impressionnante avec les véhicules de police, les motards et même un hélicoptère qui surveille le bon déroulement du trajet. Plusieurs kilomètres avant l'arrivée au stade, Brésiliens et Brésiliennes agitaient leurs drapeaux, saluaient les joueurs ou couraient carrément derrière l'autocar.

C'est lors de l'hymne brésilien que la passion de ce peuple atteint son paroxysme.

Les règles de la FIFA sont strictes: chaque pays n'a droit qu'à 90 secondes pour son hymne. Afin de soulever ses partisans et de poursuivre la tradition lancée lors de la dernière Coupe des confédérations, le Brésil n'a fourni qu'une minute de musique.

Les 30 dernières secondes? Ce sont les partisans et les joueurs qui chantent a cappella dans une communion qui donne des frissons.

Le match

Pendant une vingtaine de minutes, le public brésilien n'a pas lésiné sur ses encouragements avec des «Brasil, Brasil» et des sifflets parfaitement synchronisés afin d'influencer l'arbitre. Même après l'ouverture du score allemand, l'ambiance n'a guère baissé d'intensité.

Le deuxième but, de Miroslav Klose, a, en revanche, eu l'effet d'un coup de tonnerre. Après la joie, le public est passé par l'incrédulité, la tristesse et finalement la colère. La Seleção a ainsi quitté le terrain, à la mi-temps, sous un concert de sifflets.

L'attaquant Fred, vivement contesté depuis le début du tournoi, a été la principale cible des attaques populaires en deuxième demie. Tout le contraire de Klose, qui a battu le record de buts de Ronaldo. Il a quitté le match sous les applaudissements du connaisseur estádio Mineirão.

D'ailleurs, le septième but allemand a été accueilli de la même façon par un public qui avait perdu espoir depuis longtemps. Cela n'a pas empêché les pleurs de s'accentuer au coup de sifflet final.