Le Maracanazo n'est désormais plus le seul traumatisme vécu par la sélection brésilienne sur ses terres, en Coupe du monde. Soixante-quatre ans après la défaite surprise contre l'Uruguay, à Rio de Janeiro, la Seleçao a subi une humiliation sans commune mesure en s'inclinant 7 à 1 face à l'Allemagne, mardi, en demi-finale.

Le séisme a atteint une telle magnitude que l'exigeant public local a chaleureusement applaudi son bourreau et notamment Miroslav Klose, nouveau détenteur du record de buts en Coupe du monde.

Privés de Neymar et de Thiago Silva, les Brésiliens n'ont existé qu'une dizaine de minutes avant de céder une première fois, sur un corner. L'erreur de marquage sur Thomas Müller a été le prélude à une performance défensive catastrophique des hommes de Luiz Felipe Scolari et, particulièrement, des arrières latéraux.

Contre des Allemands magistraux en milieu de terrain et dangereux à la moindre attaque, le Brésil a encaissé quatre autres buts entre les 23e et 29e minutes. Six minutes d'anthologie dont on parlera encore dans quelques années.

Le reste du match s'est déroulé dans une ambiance surréaliste où se sont mêlés les sifflets, les pleurs et les insultes. Au terme de 90 minutes cauchemardesques, les joueurs brésiliens se sont joints au mouvement de tristesse générale tout en y ajoutant de sincères excuses.

Cela faisait 39 ans qu'ils n'avaient plus perdu à domicile, contre le Pérou à...Belo Horizonte. «Je présente mes excuses à tout le monde, à tout le peuple brésilien, a lancé David Luiz, en larmes. Je voulais simplement faire en sorte que le Brésil sourit. Mais les Allemands ont été meilleurs, ils étaient mieux préparés et ils ont mieux joué. C'est un jour triste, mais c'est aussi un jour où l'on peut apprendre.»

Fred, bouc émissaire

Pour le public de l'Estadio Mineirão, l'attaquant Fred a été le coupable parfait de ce Mondial où le Brésil n'a jamais retrouvé son niveau de la Coupe des confédérations. Mardi, il a encore traversé le match tel un fantôme, même si cela peut s'appliquer à plusieurs de ses coéquipiers, notamment Marcelo.

En conférence de presse, Scolari a pris une bonne partie du blâme tandis que ses joueurs lutteront maintenant pour la troisième place, samedi à Brasilia. D'ailleurs, s'il ne l'avait pas fait, la presse se serait chargée de lui rappeler ses sélections douteuses, son entêtement envers quelques éléments et l'absence d'un réel collectif.

«Qui est responsable de ce résultat? Je le suis, c'est moi. Le blâme de ce résultat catastrophique peut être partagé entre nous tous, mais je suis la personne qui décide de l'alignement et de la tactique, a souligné Scolari. Nous avons essayé de faire de notre mieux, mais nous avons affronté une excellente équipe allemande. Aux Brésiliens, je tiens à m'excuser pour cette performance.»

Si le Brésil a versé dans l'émotion, sentiment exacerbé par l'absence de Neymar, l'Allemagne a de nouveau été calme et méthodique dans son approche. «On savait que les Brésiliens avaient des problèmes en phase défensive quand ça va très vite, a expliqué Joachim Löw. A 2-0, ils ont perdu leur organisation, et on s'en est froidement servi. On a bien utilisé l'immense pression qui pesait sur eux.» 

Ce n'est qu'à 5-0 que le Brésil a testé le gardien allemand Manuel Neuer, auteur d'arrêts aux dépens de Hulk et d'Oscar. Encore une fois brillant, mardi, il a finalement cédé devant le milieu offensif de Chelsea, en fin de rencontre. Un but anecdotique qui n'a rien changé à la démonstration. Pour tous les hauts collectif et individuel dans cette rencontre, il ne fallait pas compter sur les Allemands pour bomber le torse.

En finale, ils rencontreront le vainqueur du duel entre les Pays-Bas et l'Argentine. «Comme je le dis depuis le début, nous sommes ici pour être champions du monde, a rappelé Toni Kroos, l'homme du match. Il reste encore une grosse marche. Oui, c'était la joie et le soulagement dans le vestiaire, mais on n'oublie pas ce dernier match.»

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Le record de Klose

Comme un symbole, Klose a profité de ce match contre la Seleçao pour battre le record de buts inscrits en Coupe du monde (16). Sur un service de Müller, l'attaquant de 36 ans s'y est pris à deux fois pour battre Julio Cesar et ainsi devancer Ronaldo, au palmarès. «C'est un record qui veut dire beaucoup pour nous, a jugé Löw. C'est un record qui ne pourra être battu que par Müller. Mais c'est quelque chose de sensationnel, car, à son âge, il joue encore au haut niveau et il est toujours dangereux quand il s'agit de marquer».

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Photo AFP

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