Championne du monde des controverses en 2010, l'équipe de France a su se racheter une conduite sous la gouverne de Didier Deschamps. Loin des insultes de Nicolas Anelka, de la grève d'entraînement et des impolitesses de Raymond Domenech, les Bleus baignent dans un climat de sérénité, à quelques heures d'affronter la Suisse.

C'est d'ailleurs en tirant les enseignements des derniers tournois et en voulant éviter les problèmes internes que Deschamps a constitué son groupe. Il a, par exemple, jugé que la présence de Samir Nasri sur le banc aurait été néfaste pour la vie du groupe, peu importe sa bonne tenue avec Manchester City. Résultat, avec seulement quatre éléments ayant survécu à l'aventure sud-africaine, les Bleus ne sont plus du tout dans la même dynamique.

«2010, c'est la vraie fin pour plusieurs joueurs, souligne le journaliste Vincent Duluc, de L'Équipe. Dix-neuf des 23 joueurs n'ont pas vécu de Coupe du monde et certains d'entre eux n'ont pas beaucoup de sélections. Du coup, il y a une indulgence face à cette jeunesse. Pour l'instant, les gens voient plutôt les qualités que les défauts.»

Il faut évidemment davantage qu'une jeune équipe, débordant d'enthousiasme, pour gagner le coeur du public. Rien ne bat un match référence au cours duquel elle transmet une gamme d'émotions à tout un pays. Les Français y sont parvenus, le 19 novembre dernier, en comblant un retard de deux buts contre l'Ukraine lors du barrage retour. Si Deschamps y a trouvé son équipe-type, le public hexagonal, lui, s'est de nouveau intéressé à sa sélection nationale. La côte de sympathie des Bleus, mesurée par le biais d'un sondage, a quasiment triplé entre l'Euro 2012 et le début du Mondial.

«C'était un match unique, convient le capitaine Hugo Lloris à propos du duel ukrainien. Il nous a permis de trouver des forces et de nous rapprocher de notre public.»

«La France n'a pas une vraie culture de football, tempère, de son côté, Duluc. On a plus aimé la victoire qu'on aime le foot. Les gens voulaient des occasions de vibrer, de ressentir des émotions et de sauter sur leur canapé. Le match retour contre l'Ukraine leur a enfin permis d'être heureux avec cette équipe. Personnellement, je n'avais jamais vu autant d'ambiance que ce soir-là.»

Le style Deschamps

Après le règne difficile de Domenech, l'équipe de France souhaitait rétablir une communication plus paisible avec les médias. Si la situation s'était largement améliorée avec Laurent Blanc, Deschamps est tout de même plus présent dans l'espace médiatique. En conférence de presse, il manie habilement la fermeté, comme face à une journaliste brésilienne cette semaine, mais peut parfois verser dans l'humour.

Comment ce style a-t-il modifié la collaboration entre les Bleus et la presse? «Il y a juste un peu plus de légèreté dans les rapports, mais, concrètement, l'équipe de France reste fermée, révèle Duluc. On n'a pas d'accès ou de proximité même si, à l'approche de la compétition, c'était beaucoup simple et agréable. On a, par exemple, pu prendre des rendez-vous individuels avec les joueurs. Avec une jeune équipe, il n'y a pas d'historique entre eux et nous.»