Aucun attaquant brésilien ne se trouve dans le top 30 du Soulier d'or remis au meilleur buteur évoluant dans les championnats européens. Aucun? En fait, il y en a bien un en Diego Costa qui a plutôt fait le choix de s'aligner avec l'Espagne, l'an dernier. Comme un clin d'oeil, le joueur de 25 ans entamera sa Coupe du monde à Salvador, cet après-midi, à moins de 300 kilomètres de chez lui.

Quel accueil recevra le futur ex-buteur de l'Atletico Madrid finalement débarrassé de problèmes musculaires à une cuisse? Pour l'instant, Costa a joué la carte de l'apaisement en conférence de presse, cette semaine.

«Beaucoup de gens au Brésil connaissent la situation, et les choses se passent bien pour moi, a-t-il indiqué. Ils m'ont bien traité, comme je m'y attendais. J'ai le soutien de beaucoup de gens, qui savent ce qui s'est passé. Mes parents sont très contents que je sois si près d'eux. Ils soutiennent aussi mon choix.»

La cassure entre Costa et la Selação a eu lieu au cours d'une année 2013 particulièrement faste. Convoqué pour la première fois par Luiz Felipe Scolari au printemps, il a changé son fusil d'épaule lorsqu'il n'a pas été retenu pour la Coupe des confédérations. Indiquant que l'Espagne avait joué un rôle majeur dans son parcours et que Vicente Del Bosque avait démontré plus d'intérêt à son égard, il a alors troqué le jaune pour le rouge. Un choix qui n'a pas manqué de provoquer l'ire de personnalités brésiliennes, dont Scolari.

«Un Brésilien qui refuse le maillot qui pourrait lui permettre de disputer le Mondial dans son pays est forcément exclu de ma liste. Il tourne le dos à un rêve partagé par des millions de personnes», a regretté le sélectionneur. Si les paroles ne se sont pas transformées en acte, la Fédération souhaitait aller plus loin en préconisant le retrait de sa nationalité brésilienne.

On saura, au cours des prochaines semaines, si Costa a fait le bon choix. Sa place était assurée dans le groupe brésilien, mais aurait-il pu se faufiler au sein d'un onze que Scolari change très peu malgré les circonstances? En Espagne où il évolue depuis 2007-2008, sa cote est énorme après une saison de 35 buts en championnat et en Coupe d'Europe. Il évolue surtout à un poste qui pose problème à Del Bosque depuis des lunes.

Dans un sondage du populaire quotidien espagnol Marca, Costa a carrément été plébiscité par le public pour mener l'attaque de la Roja. Au total, il a obtenu près de trois fois plus de votes que David Villa et a été six fois plus populaire que Fernando Torres.

En conférence de presse, hier, Del Bosque n'a pas dévoilé son jeu en vue du premier match contre les Pays-Bas. Parce qu'il veut que ses 23 joueurs restent mobilisés pour l'occasion, il n'a pas encore indiqué si sa préférence allait à Costa ou à un faux numéro 9, comme lors de l'Euro 2012.

Mais qu'il débute le match ou qu'il entre à l'heure de jeu, Costa apporte un style différent, voire un plan B à l'équipe espagnole. Avec l'Atletico Madrid, le puissant et combatif attaquant, également très bon dans les airs, a montré toute son efficacité dans un style plus direct. «Il sera le meilleur apport pour l'Espagne au Brésil», a résumé son entraîneur en club, Diego Simeone. C'est maintenant l'heure de vérité pour Diego Costa, devant son peuple.

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Ces Brésiliens qui portent un autre maillot

En comptant Diego Costa, cinq joueurs originaires du Brésil défendront les couleurs d'autres sélections lors de cette Coupe du monde. Qu'ils aient un parent étranger ou qu'ils aient quitté leur patrie à un jeune âge, tous auront un pincement au coeur au cours des prochains matchs.

Thiago Motta (Italie)

Le milieu de terrain a obtenu la double citoyenneté en 2011, puisque l'un de ses grands-pères est originaire du nord-est de l'Italie. Formé à Caxias do Sul, il a fait le saut en Europe, à Barcelone, avant de rejoindre brièvement l'Atletico Madrid, puis la Genoa et l'Inter Milan. C'est lors de cette époque interiste qu'il a été convoqué pour la première fois par Cesare Prandelli. «Porter le maillot azzurro me donne une émotion différente de toutes celles que j'ai éprouvées auparavant dans le football», expliquait alors le joueur de 31 ans. Il évolue désormais au Paris Saint-Germain.

Pepe (Portugal)

Plusieurs joueurs d'origine brésilienne ont marqué l'histoire de la sélection portugaise. Cette année, la tradition est perpétuée par Pepe, qui peut tout aussi bien évoluer en défense centrale qu'en milieu de terrain. Képler Laveran Lima Ferreira, de son vrai nom, a débuté au club de Maceió avant de démarrer sa carrière au C.S. Marítimo (île de Madère), en 2001. C'est après son passage par le FC Porto que Luiz Felipe Scolari le convoque pour la première fois en novembre 2007. Depuis cette année-là, il évolue avec le grand Real Madrid, vainqueur notamment de la dernière Ligue des champions.

Photo Toby Melville, Reuters

Thiago Motta

Eduardo (Croatie)

Eduardo a été repéré par le Dinamo Zagreb à l'âge de 15 ans. Son parcours professionnel a débuté lentement, mais il s'est réellement révélé à partir de 2004-2005. Brillant en championnat, il a alors été immédiatement convoqué par la sélection croate. Ignoré pour le Mondial 2006, il s'était gravement blessé avec Arsenal, quelques mois avant l'Euro 2008. Résultat, il a disputé son premier grand match international, hier, contre... le Brésil. «Je suis Brésilien et je le serai toujours, mais j'ai beaucoup d'amour pour la Croatie, beaucoup de sentiments pour les partisans et mes coéquipiers. Mon sang est brésilien mais mon coeur est croate», expliquait l'attaquant.

Sammir (Croatie)

Sur la scène mondiale, voici le moins connu des Brésiliens présents au Mondial. Comme Eduardo, il a fait ses débuts européens avec le Dinamo Zagreb. Le milieu offensif a tranquillement gravi les échelons pour en devenir l'un des piliers. Et la sélection à Damiers? C'est en 2012 qu'il est sélectionné pour la première fois dans ce qui deviendra une saga. En guise de protestation, Danijel Pranjic - qui n'avait accepté d'être délaissé au profit de Sammir - avait temporairement délaissé l'équipe nationale. Sammir évolue désormais dans le championnat espagnol, à Getafe.

Photo Antonio Bronic, Reuters

Eduardo