Le Brésil respire: sa Seleçao, pas tout à fait convaincante et mal partie avec un but contre son camp, a finalement fait la décision 3 à 1, grâce à doublé de Neymar, dont un penalty très généreux, en ouverture de «son» Mondial, jeudi contre la Croatie à Sao Paulo.

Et près de 200 millions de partisans brésiliens peuvent remercier, au choix, le ciel ou l'arbitre japonais Yuichi Nishimura, qui à 1-1, score peu encourageant pour la suite du parcours du pays hôte, a accordé un penalty pour une faute discutable sur Fred, transformé par Neymar, qui signait alors son doublé (2-1, 71e).

Le dernier but d'Oscar, très joli d'ailleurs (3-1, 90e), fut anecdotique pour le résultat, mais plus important pour la confiance et pour la suite.

Mais le coach brésilien Luiz Felipe Scolari aura des choses à dire à ses joueurs aux vestiaires, qui n'ont pas maîtrisé le jeu de bout en bout et ont surtout surpris en ne mordant pas assez dans le match dès l'entame, comme tout le monde s'y attendait.

Avant ce penalty béni, l'autre but qui avait ragaillardi le pays du foot roi était venu d'un contre conclu, déjà, par Neymar. Le joueur du Barça, avec une frappe du gauche plus finement placée que ne le laissaient présager ses appuis désinvoltes, trouvait le poteau rentrant de Pletikosa (28e).

Marcelo contre son camp

Le capitaine de la Seleçao, Thiago Silva, tombait alors à genoux dans le rond central, remerciant le ciel, qui s'était d'ailleurs assombri. Pendant, ce temps le buteur allait donner l'accolade à son sélectionneur, Luiz Felipe Scolari. Neymar arborait à ce moment un petit sourire en coin, façon de dire: «fallait pas s'inquiéter, coach».

Des feux d'artifices explosèrent à ce moment dans le ciel de Sao Paulo, pour le premier vrai but brésilien. Car auparavant, Marcelo était entré dans l'histoire du Mondial-2014 en marquant contre son camp le premier but du tournoi. Olic avait transmis à Jelavic qui effleura cette balle que Marcelo envoyait malencontreusement faire trembler les filets brésiliens (11e). Le visage du joueur du Real Madrid, hagard, yeux grands ouverts, restera comme un des instantanés du début de match.

À ce moment, la peur s'invitait au Brésil. La Seleçao n'avait plus perdu son premier match d'un Mondial depuis 1934 et une défaite 3 à 1 contre l'Espagne. Et dans un pays où la grogne sociale affleure toujours -même si les heurts ne furent que sporadiques à Sao Paulo avant le match- ressurgissait alors la crainte de mouvements sociaux attisés par une contre-performance de l'équipe nationale.

Mais heureusement Neymar, qui n'avait pas fait un grand match jusque-là -il s'était signalé comme le premier joueur à récolter un carton jaune dans le Mondial-2014, pour un coup de coude à Modric (27e)- a remis son équipe dans le match, à l'orgueil.

Montrer autre chose contre le Mexique

Le joueur du Barça avait auparavant raté une occasion, comme Fred, tous les deux étant trop courts pour ajuster un beau ballon d'Oscar (15e).

Oscar, dans le couloir droit, est un des rares Brésiliens à avoir tenu son rang, envoyant un message fort à son sélectionneur et un autre à son concurrent Willian. En revanche, Thiago Silva n'a pas été souverain, à l'image de son équipe.

Chez les joueurs au maillot à damier, les fulgurances de Modric ont été trop rares. Olic a lui crevé l'écran, pour le meilleur -ses déboulés dans son couloir gauche- et pour le pire, comme quand il a enchaîné les roulettes pour le «show», avant que Neymar ne vienne lui rappeler que le vrai Brésilien c'était lui en lui chipant la balle.

De ce match, il  faudra retenir la communion d'une équipe avec son public. Au moment de l'hymne brésilien repris à pleins poumons par les 60 000 spectateurs, en grande partie brésiliens,  Thiago Silva semblait prier, les yeux fermés, tandis que Fred secouait énergiquement ses partenaires par les épaules.

Il faut noter aussi que l'Arena Corinthians, ce stade devenu le symbole des retards de préparation du pays, notamment après un accident de grue meurtrier, n'a pas connu d'incidents durant le match.

Sur un autre terrain, à Fortaleza, pour chasser les derniers doutes, le Brésil devra cependant montrer autre chose contre le  Mexique le 17 juin.

Photo AP