Les invités-surprises sont plutôt rares lorsque vient le temps d'aborder les demi-finales de la Ligue des Champions. Alors que le choc Real Madrid-FC Barcelone était hautement attendu et que Manchester United est un habitué, personne n'attendait Schalke 04 à ce stade-ci de la compétition. D'autant plus que le club allemand connaît sa pire saison en championnat depuis 10 ans.

L'année de Schalke en est donc une de contrastes. Efficace en Ligue des Champions, le club de Gelsenkirchen a perdu le nord en Bundesliga avec une 10e place actuellement.

Pourtant, tout est parti d'une bonne intention. Après avoir terminé au deuxième rang en 2009-2010, l'entraîneur Felix Magath - congédié depuis - a complètement remanié son groupe durant l'été avec 15 départs et 14 arrivées. L'objectif invoqué: garder la même efficacité tout en développant un jeu plus séduisant. Avec, au passage, l'exclusion des éléments trop dissipés au goût de Magath, surnommé «Saddam» pour ses méthodes autoritaires.

Les premières semaines de la saison ont été catastrophiques. Après 10 matchs, Schalke n'est parvenu qu'à décrocher une seule victoire. Et au tiers de la saison, il occupait encore une position de relégable. Si le mois de décembre s'est avéré une bouffée d'oxygène avec cinq victoires d'affilée, le fossé entre Magath et le reste du club n'a fait que s'accroître.

D'abord avec les joueurs qui - à l'image du milieu de terrain Jefferson Farfan - ne supportaient plus l'ultradiscipline de l'entraîneur de 58 ans. Fils d'un soldat américain, Magath a toujours cultivé l'absence de dialogue avec ses troupes, voire l'esprit de confrontation. Jusqu'à humilier publiquement un joueur, s'il le fallait.

Ce sont ensuite les partisans qui ont réclamé la tête de l'entraîneur par l'envoi d'une missive au président du club, en février. Leurs doléances relevaient autant de la politique de recrutement que du manque de considération à leur égard. Avec surtout la peur de voir leur club être dénaturé par la gestion de Magath. Une gestion qui a finalement pris fin avec son congédiement, le 16 mars, et avec le retour de Ralf Rangnick.

Une équipe de Coupes

Au milieu de cette grisaille, Schalke 04 a connu quelques passages ensoleillés. À part quelques coups d'éclat en championnat, ce sont surtout la Coupe d'Allemagne et la Ligue des Champions qui ont illuminé la saison.

Placés dans le groupe B de la compétition européenne, les Allemands ont devancé Lyon et le Benfica Lisbonne pour obtenir le statut de tête de série lors des huitièmes de finale. Ils ont alors éliminé le FC Valence avant de frapper un grand coup contre le tenant du titre, l'Inter Milan.

La victoire de 5 à 2 acquise lors du match aller à San Siro, le 5 avril, est le symbole même du Schalke souhaité par Rangnick. Offensif, rapide, toujours en mouvement, le club de la Ruhr a taillé en pièces la lente défense interiste avant de conclure par une victoire de 2 à 1 au retour.

Dans toute cette épopée, un homme est ressorti du lot. Indésirable au sein du Real de Mourinho, Raul a enchaîné les buts opportuns. Malgré le poids des années, l'Espagnol est de loin le meilleur marqueur de Schalke en championnat avec 12 réalisations.

Surtout, il a continué de s'illustrer sur la scène européenne en inscrivant notamment le but de l'égalisation à Valence, puis deux autres contre l'Inter. Plus que jamais, il est meilleur buteur de l'histoire des Coupes d'Europe avec 73 buts, dont 71 en Ligue des Champions. Et il n'a pas l'intention de s'arrêter là même si son équipe est perçue comme le «petit poucet» du dernier carré.

«Tout le monde pensait que Schalke 04 était un adversaire facile, mais on a montré qui on était. On est en demi-finale, car on le mérite.»