À moins d'un cataclysme, le Real Madrid, le FC Barcelone et Schalke 04 participeront aux demi-finales de la Ligue des champions. Seul le match opposant Manchester United à Chelsea (1-0 à l'aller), cet après-midi à Old Trafford, est encore empreint de suspense.

Si Manchester aborde la rencontre avec confiance, grâce notamment à sa place de leader en Premier League, les Blues jouent littéralement leur saison. Éliminé des coupes nationales, écarté de la lutte pour le titre, Chelsea n'a plus que cette compétition pour sauver une campagne qui a pris une mauvaise tangente au cours de l'automne.

Le milieu de terrain Yossi Benayoun a résumé à la presse anglaise l'importance de ce match qui prend donc des allures de quitte ou double.

«Tout le monde le sait - l'entraîneur, les joueurs - que nous jouons pour sauver notre saison. C'est comme notre finale mardi. Il est presque assuré que nous allons finir dans le top 3 ou 4 en championnat et que nous allons disputer la Ligue des champions la saison prochaine. Mais le seul trophée que nous puissions encore gagner est en Coupe européenne. Si nous le gagnons, cela changera tout. Si nous battons United, nous allons gagner le trophée.»

Remporter la Ligue des champions est d'ailleurs l'objectif, voire l'obsession de Roman Abramovitch depuis qu'il est devenu le propriétaire de Chelsea, en juin 2003. Cela l'est d'autant plus que son équipe a flirté avec cette consécration à plusieurs reprises lors des dernières années. Pour gravir la dernière marche, il a confié, en 2009, les rênes de son équipe à Carlo Ancelotti, double vainqueur de la Ligue des champions avec l'AC Milan en 2003 et 2007.

Malgré un doublé Championnat-Coupe d'Angleterre l'an dernier, l'image du huitième de finale perdu devant l'Inter Milan de Jose Mourinho reste gravée dans les mémoires. Dans le contexte d'une saison actuelle difficile, une autre élimination prématurée face à Manchester United risque cette fois d'entraîner des décisions drastiques. On murmure qu'en cas de défaite, Abramovitch pourrait montrer la porte de sortie à Ancelotti.

Torres toujours muet

L'entraîneur italien est loin d'être le seul responsable de cette situation. Arrivé de Liverpool au cours du mercato hivernal en échange de 80 millions $ CAN - une somme record en Angleterre -, Fernando Torres n'a pas encore inscrit le moindre but depuis. Après des saisons de 24, 14 et 18 buts en Premier League sur les bords de la Mersey, l'Espagnol n'a pas fait trembler les filets adverses en 648 minutes de jeu.

Torres pourrait faire taire les critiques et oublier ce triste épisode en marquant cet après-midi. Car au-delà de son inefficacité, c'est tout le système londonien qui a été bouleversé par son arrivée. Habitué à jouer en 4-3-3 depuis les années mourinhesques, Chelsea a dû passer à un système à deux attaquants dans lequel cohabitent Torres et Didier Drogba. Sauf que les deux hommes, au profil similaire, ont forgé leur réputation en évoluant seul en pointe et n'ont pas vraiment tissé d'entente particulière. Drogba a d'ailleurs marqué son unique but depuis l'arrivée de Torres lorsqu'il a été associé à... Nicolas Anelka contre Stoke City.

Ce changement a également eu des répercussions sur d'autres éléments londoniens. D'abord sur Anelka, qui n'a plus disputé un match dans son intégralité depuis le 6 février. Après avoir entamé deux matchs - contre Sunderland et Liverpool - en soutien des deux attaquants, il a vu son utilisation diminuée par rapport aux mois et saisons précédents.

Avec toutes les responsabilités défensives que cela comporte, Frank Lampard, de son côté, perd de son influence lorsqu'il évolue dans une formation à deux milieux axiaux. C'est d'ailleurs lorsque Chelsea est repassé à un 4-3-3, en match aller, qu'il a accentué la pression sur Manchester United.

Voilà tout le dilemme d'Ancelotti dont le destin est intimement lié à celui de Torres.