Défense fébrile, attaquants à sec? Rien n'y fait: le FC Barcelone a surmonté ses handicaps pour gifler le Shakhtar Donetsk (5-1) mercredi en quart de finale aller de Ligue des champions, après deux mois gagne-petit et avant une série décisive de clasicos contre le Real Madrid.

C'est devenu un gimmick barceloniste: la «manita» (petite main) tendue aux cinq doigts écartés, oeuvre de Piqué à l'issue 5-0 assené au Real Madrid fin novembre, est redevenue d'actualité.

Mardi, Pep Guardiola s'était alarmé des scores étriqués de son équipe. De fait, le Barça qui tournait à trois buts par match de moyenne a ralenti à partir de mi-février et sur dix matches (une seule victoire par trois buts d'écart, 3-0 contre Majorque en championnat, et une par deux buts d'avance, contre Arsenal en 8e de finale retour de la C1, 3-1). Le technicien craignait que ce ralentissement ne prélude à un affaissement avant un mois d'avril capital.

Le rendez-vous de samedi en Liga contre Almeria (atomisé 8-0 chez lui en phase aller) est une mise en bouche, avant le quart de finale retour à Donetsk, où il s'agira d'expédier les affaires courantes, puis surtout le double clasico contre le Real, en championnat puis en finale de la Coupe d'Espagne. Avant de très probables retrouvailles avec le grand rival en demi-finales de C1.

Pourtant, les handicaps n'ont pas manqué, comme la charnière centrale Piqué-Busquets. «Nous sommes précaires dans le secteur défensif, a reconnu Guardiola après le match. Sans Abidal et Puyol, il nous manque des jambes, de la vitesse, et nous devons suppléer cela par d'autres qualités».

MVP muet

Les Brésiliens du Shakhtar Luiz Adriano et Willian leur ont souvent faussé compagnie, le second profitant aussi d'erreurs de concentration ou de placement de Dani Alves dans son couloir droit. Mais l'arrière latéral a aussi marqué un but et adressé une passe décisive pour la cinquième réalisation du Barça, de quoi largement compenser ses errements défensifs.

Idem pour Messi. Le génie argentin n'a pas marqué (depuis un mois) et en reste à 45 buts en 44 matches, mais ses accélérations ont été à l'origine de deux buts mercredi. «Sa conduite a été impeccable, à tous points de vue», s'est félicité Guardiola, heureux de constater que ses adducteurs, douloureux samedi dernier, ont tenu bon.

C'est d'ailleurs les trois éléments du trident MVP (Messi-Villa-Pedro), auteur des deux tiers des buts barcelonais, qui calent. Villa reste sur sept matches sans marquer, et son niveau actuel interpelle, tandis que Pedro, qui relève de blessure (pubalgie), n'a plus trouvé les filets depuis le 26 février.

Mais quand cette équipe retrouve sa vitesse de croisière, tout le monde peut marquer, même le passeur attitré (Xavi), même un défenseur central (Piqué), même un habituel remplaçant (Keita). Surtout, elle s'immisce dans la moindre faille, la moindre «erreur infantile», comme l'a noté l'entraîneur du Shakhtar, Mircea Lucescu.

Qui prévient: «Je ne crois pas que cette année, une équipe puisse battre le Barça». Qu'en pense Jose Mourinho ?