La finale de la Ligue des champions Inter Milan-Bayern Munich oppose samedi à Madrid deux géants du passé, terreurs de la compétition dans les années 1960 pour les Italiens et 1970 pour les Allemands, redevenus des machines à gagner.

Le Bayern n'a jamais cessé de régner sur la Bundesliga, qu'il a remporté 21 fois sur les 42 dernières saisons, soit exactement la moitié, mais il semblait ne plus pouvoir lutter avec les meilleurs sur le marché des transferts depuis l'arrêt Bosman.

Trois fois d'affilée vainqueur (de 1974 à 1976), le Bayern était encore puissant en Europe dans les années 1980-90 (finales perdues en 1982, 1987 et 1999), mais depuis sa dernière victoire en C1, en 2001, il était nettement rentré dans le rang et n'avait plus atteint le dernier carré.

Les succès de l'Inter en Coupe des champions ont eux des teintes sépias. Depuis son doublé en 1964 et 1965, le club nerazzurro (noir et bleu) n'a plus gagné la C1, remportant trois Coupes de l'UEFA (aujourd'hui Europa League) qui ne pouvaient suffire à son appétit (1991, 1994, 1998).

Le club a même traversé le désert après ses deux dernières finales - perdues - de C1 en 1967 et 1972. A partir de cette dernière finale, perdue contre le grand Ajax Amsterdam, dont le football total remplaçait avantageusement dans le coeur du public son catenaccio (verrou), l'Inter n'a remporté que deux Scudetti en Italie (1980 et 1989) avant le formidable quintuplé, de 2006 à 2010, qui vient de marquer son redressement.

Massimo Moratti, qui a pris la succession de son père Angelo en 1994 à la tête du club, est d'ailleurs obsédé par une victoire en C1, le seul sésame qui vous rouvre les portes du panthéon des clubs.

Triplé en jeu

Moins loin des sommets pendant cette période, le Bayern n'en a pas moins reculé d'un cran dans la hiérarchie des très grandes institutions. Avec un succès à Madrid, il redeviendrait le troisième club d'Europe au palmarès de la C1 avec une cinquième victoire (ce serait une troisième pour l'Inter), derrière le Real Madrid (9) et l'AC Milan (7), à égalité avec Liverpool (5).

Ce succès doit beaucoup aux dirigeants. Moratti n'a jamais perdu la foi ni mégoté sur la dépense; la grande maison bavaroise, caricature d'organisation disciplinée à l'allemande, a toujours gardé une ligne de conduite.

Mais pour leur retour sur le devant de la grande scène, les dirigeants doivent beaucoup aussi à leurs entraîneurs, grands tacticiens et meneurs d'hommes, dans des styles pas si différents. José Mourinho (Inter) a d'ailleurs été l'interprète et l'adjoint de Louis van Gaal (Bayern) au FC Barcelone (de 1997 à 2000).

Signe intangible de leur retour au tout premier plan, l'Inter et le Bayern, qui ont tous deux réalisé le doublé Coupe-Championnat dans leur pays, sont en course pour un fabuleux triplé que seuls ont réalisé Manchester United (1999) et le FC Barcelone (2009), et dans une moindre mesure (parce que leurs championnats sont moins relevés que la Premier League et la Liga), le Celtic Glasgow (1967) et le PSV Eindhoven (1988).

Et le vainqueur aura l'occasion de rejoindre tout en haut du palmarès les champions du monde des clubs (Coupe intercontinentale et Mondial des clubs confondus), le Real Madrid, l'AC Milan, Boca Juniors (Buenos Aires) et le Peñarol (Montevideo), vainqueurs trois fois de l'épreuve. L'Inter (1964 et 1965) et le Bayern (1976 et 2001) ont chacun été couronné deux fois.