La Roma doit s'imposer ou faire nul face à Bordeaux mardi pour se hisser en 8es de finale de la Ligue des champions, mais Francesco Totti voit plus loin: «La finale, c'est notre objectif», affirme l'emblématique capitaine, qui rêve de remporter l'épreuve dans son stade Olympique le 27 mai.

À 32 ans, l'attaquant a eu un début de saison perturbé: son opération au genou droit du printemps a laissé des traces. Longtemps, il a dû ronger son frein et se contenter d'apparitions aussi épisodiques que frustrantes alors que son équipe perdait un peu plus pied à chaque match.

Mais depuis un peu plus d'un mois, il est enfin de retour. Et l'équipe, qui accumulait les revers, s'est remise à voler (six succès et un nul en sept matches) en championnat et en Ligue des champions. Point de hasard: sans Totti, la Roma n'est pas la même.

En Serie A, un très mauvais départ ne laisse pratiquement plus aucune chance pour le titre (le leader, l'Inter, possède déjà 16 points de plus). Une raison de plus pour tout donner en Europe.

«Contre Bordeaux, c'est important de gagner pour la qualification, explique l'interessé au Corriere dello Sport. Mais également parce que nous voulons achever la phase de groupes à la première place, une performance que nous n'avons encore jamais réalisée. Etre premiers, cela nous permettrait également de trouver un adversaire plus abordable même si je pense que les seize équipes qui se présentent en huitièmes sont fortes et les différences minimes».

Totti, c'est Rome

Mais Totti s'imagine bien au-delà des huitièmes. Cette saison, l'épreuve lui offre une perspective unique: disputer la finale à Rome. Et comme nul ne l'ignore, le capitaine idolâtré - au-delà de la raison - par les tifosi fait corps avec sa ville. Totti, c'est Rome, et vice-versa.

Il y a quelques mois, une image circulant parmi les tifosi résumait tout ce que représente le natif du quartier d'Appio Latino (sud-est du centre ville): sous la célèbre Louve allaitant Romulus et Remus, les fondateurs de la ville d'après la mythologie, figurait un Totti bébé, ballon au pied, avec la légende suivante: «Les deux premiers fondèrent Rome, le troisième l'a rendue magique».

En fait, le champion du monde, qui n'a connu aucun autre maillot que celui des Giallorossi, rêve de réussir là où ses glorieux prédécesseurs ont échoué. Le 30 mai 1984, la Roma de Conti et Falcao s'était inclinée dans son stade en finale de la Coupe des champions, l'ancêtre de la Ligue des champions, face à Liverpool, qui plus est à l'issue des tirs au but (1-1, 4 t.a.b. à 2).

Pour tous les tifosi, il s'agit du souvenir le plus douloureux en 81 ans d'histoire. Vingt-cinq ans après, Totti veut l'effacer: «La finale, c'est notre objectif, dit-il. Moi j'y crois, d'autant qu'on a la possibilité de la jouer à Rome, une occasion qui ne se représentera pas».

Aux côtés des «monstres» que sont Manchester United, Liverpool ou Barcelone, vainqueurs ces dernières saisons, la Roma n'est en théorie pas de taille à lutter. Mais le triomphe inattendu du FC Porto en 2004 prouve qu'il peut y avoir de l'espace pour un outsider. Et si la Roma et Totti ne flanchent pas face à Bordeaux, elle y songera un peu plus fort encore.