Il est trop tôt pour dire si son sélectionneur italien Fabio Capello peut mener l'Angleterre à la gloire au Mondial-2010, mais il est bien parti pour finir de polir celui qui apparaît comme son joyau le plus précieux: l'attaquant de Manchester United Wayne Rooney.

«The big man is back in town», «Le grand homme est de retour en ville.» La phrase lâchée par Rooney en rejoignant le camp des Anglais au Mondial-2006, alors qu'une blessure avait retardé son arrivée, lui avait été reprochée après son ignominieuse exclusion et une piteuse élimination contre le Portugal.Mais s'il veut arriver au sommet, le football anglais ne peut se passer de Rooney, annoncé depuis l'adolescence comme un Ballon d'Or potentiel, pouvant prétendre devenir l'égal des Duncan Edwards, Stanley Matthews, Paul Gascoigne...

Fabio Capello a compris qu'il disposait d'un talent immense mais mal dégrossi, qu'il fallait domestiquer: «Quand j'ai pris le poste, je lui ai dit qu'il était techniquement très bon. Mais face au but, parfois, il se précipite. Il doit être plus patient, apprendre la lenteur, comprendre ce qu'il se passe autour de lui. Alors, il marquera plus.»

Jusqu'à son arrivée, la réussite de Rooney, qui aura 23 ans le 24 octobre, devant le but était erratique. En club, où de longues disettes suivaient des périodes fastes, mais surtout en équipe d'Angleterre.

Maturité

Depuis l'Euro-2004 qui l'avait révélé, il n'avait inscrit que cinq buts en 29 sélections. En trois matches de qualifications pour le Mondial-2010, il en a marqué autant. Sa récente prestation contre le Bélarus (victoire 3-1, doublé de Rooney) est sans doute la meilleure sous le maillot aux trois lions depuis son récital face à la Croatie en juin 2004.

«On peut toujours améliorer ses points faibles. J'ai beaucoup travaillé la finition avec le sélectionneur depuis qu'il est arrivé. Cela commence à payer», explique l'attaquant.

L'Italien a adjoint à Rooney le terne mais travailleur Emile Heskey, déchargeant la star des tâches ingrates de pressing incessant dans lesquelles il se perdait parfois. Avec Capello, «j'ai plus le ballon, et cela me convient plus», se félicite le joueur.

«Rooney peut devenir encore meilleur», prédit le sélectionneur. «Les joueurs n'atteignent leur pleine maturité que vers 25 ans», renchérit l'entraîneur de Manchester United, Alex Ferguson.

Si l'attaquant ajoute durablement le réalisme à sa technique immaculée, son sens du jeu et de la passe et son inlassable énergie, l'avenir s'annonce aussi rose pour Manchester United que pour l'Angleterre. Et Rooney pourra légitimement évoquer le retour du grand homme en ville.